Les reliques de la Passion, un objet d’étude pluridisciplinaire

 

Les reliques de la Passion, un sujet évocateur, parfois controversé...
Pour certains c'est un mystère.

Mystère des reliques dont on a vaguement entendu parler, comme celle de la Croix ou le saint Suaire de Turin, mais que l'on ne connaît pas bien...

Mystère des lieux lointains ou proches qui ont recueilli de tels objets.

Mystère d'un passé historique qui se dérobe et garde jalousement ses secrets.

Pour d'autres, les reliques de la Passion sont l'expression même du sacré: elles évoquent le Christ qui sauva l'humanité au prix de la souffrance, de l'amour et de la mort. Soustraites au toucher des simples mortels, elles semblent être gardées consciencieusement par quelques religieux privilégiés. Étudier de tels objets ne serait alors que l'apanage de ces gardiens dévoués...

D'autres enfin, pensent au commerce des reliques, riche, prospère, ou encore aux larcins commis par quelques compères avides, vols rusés ou fausses reliques diffusées...Quelques fois même l'éternel mythe du complot est évoqué, l'Église n'aurait juré de toute éternité que de tromper son pauvre monde...

Qu'en est-il en réalité? Ces idées et ces notions préconçues qu’ont les uns et les autres, sont loin d’être le reflet exact des choses.
Le sujet demeure inépuisable de par sa complexité, l’étendue des domaines chronologiques et géographiques couverts et le grand nombre de reliques.
La tâche est dantesque. Les reliques relèvent à la fois de l’archéologie en tant que vestiges humains relevant d’une autre époque et d’une autre mentalité, de l’histoire puisqu’elles sont liées à des évènements et qu'il est nécessaire de déterminer leur parcours géographique et leurs éventuels possesseurs successifs, et des sciences religieuses car elles manifestent un phénomène intimement lié à un culte.

 

De nombreux points d’ombre demeurent dans les domaines archéologiques, historiques ou religieux au sens large du terme. Les questions fusent, les réponses se font rares, hésitantes, souvent contradictoires. En archéologie, certaines reliques ne bénéficient ni de recherches approfondies ou actualisées, ni de procédés de datation ou d’authentification, il en est ainsi pour le Suaire de Cahors par exemple... D’autres, plus renommées, -comme le Linceul de Turin par exemple- sont bien étudiées. Toutefois cette relique est un peu particulière, puisqu’elle seule a suscité la création d’une discipline, la sindonologie, vouée à sa seule étude. En histoire, les inventaires des églises ou des monastères, les documents épigraphiques et les inscriptions dédicatoires sont loin d’être étudiés de façon exhaustive et systématique, or ils sont nécessaires pour l’étude des reliques.

Le Colloque international qui s’est déroulé en 1997 à l’Université du Littoral Côte d’Opale, a servi de base à ma réflexion, et en particulier l’article de Philippe George, qui indique clairement que « la pluridisciplinarité est indispensable à mettre en oeuvre pour ce genre d’études. »

Il est nécessaire d’avoir un esprit pluridisciplinaire pour étudier les reliques, et celles de la Passion en particulier. C’est à ce prix seulement que l’on pourra percevoir avec le plus de vérité et de clarté, l’ensemble des problématiques liées aux reliques et comprendre un phénomène important au Moyen Age et qui a survécu jusqu’à nos jours.
Toutefois une question se pose, comment étudier les reliques de la Passion dans un contexte pluridisciplinaire ?

Au-delà d’une simple problématique d’accumulation de savoirs divers et nombreux, il s’agit de se poser la question de la hiérarchisation des données, mais aussi de la perception et du traitement des différentes interprétations possibles suscitées par les différentes disciplines.

Pour répondre à notre problématique, il conviendra dans un premier temps, de procéder à une présentation des reliques de la Passion, des sources écrites et orales permettant d’en retracer l’existence, la diffusion mais aussi les utilisations qui en ont été faites, religieuses avant tout mais aussi politiques et économiques.

Les reliques, et celles de la Passion en particulier, sont constituées à mon sens de deux aspects essentiels : un aspect concret, matériel et un aspect sacré.

 

C’est pour cette raison, qu’en second lieu nous étudierons les reliques en menant une réflexion archéologique avec pour point de départ la définition de la discipline, ses buts et sa méthode d’investigation : l’archéologie est la discipline la plus importante en ce qui concerne l’aspect matériel des reliques. Bien évidemment, les archéologues ne se suffisent pas à eux-mêmes pour une étude complète, ils reçoivent l’aide précieuse des historiens, des médecins légistes, des anthropologues, des biologistes, des spécialistes de tissus anciens… Mais ce sont eux qui seront les plus à même de replacer les éléments dans leur contexte et de fournir une interprétation des faits en tenant compte de l’apport des autres disciplines.

 

Quant à l’aspect sacré des reliques, il nous mènera en dernier lieu à une réflexion d’ordre religieuse. La théologie est un angle d’étude primordial pour traiter du sujet. Au-delà d’une réflexion purement théologique sur la justification des reliques, nous nous pencherons sur l’existence d’une typologie de cultes, d’une perception inégale des reliques de la Passion par les instances religieuses et de concepts clés comme l’authenticité des reliques, menant à une interprétation différente des faits.

 

 

 

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