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La lutte contre les vols au Moyen Age

 

 

  1. Les sanctions

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Jusqu’au 12ème siècle, les vols ne connaîtront de sanctions que par le Christ Lui-même, dans les cas des reliques de la Passion, si le voleur est frappé de maladie ou de mort immédiatement après son larcin: son destin funeste est alors perçu comme une sanction directe du Très-Haut.[1]

En général, les sanctions ecclésiastiques ou laïques feront défaut et ce seront les victimes de rapine qui devront trouver un arrangement à l’amiable, souvent pécuniaire avec le voleur, le cas échéant…[2]Au cas où les voleurs sont pris, ils sont relâchés dès qu’ils ont rendu les objets de leur larcin, et ne sont pas inquiétés.

Voici un exemple de vol: en 1100, à Jérusalem, un concile se tient pour juger le patriarche Daimbert qui avait  pris  un fragment de la vraie Croix du saint Sépulcre.[3]

Au 13ème siècle, la situation changera quelque peu, le vol des reliques sera dénoncé comme étant un sacrilège et certaines mesures seront prises: en 1282, le Concile de Tours décide que les prêtres qui volent les reliques soient excommuniés dans un premier temps, puis subissent un châtiment corporel conformément à la décision de leur évêque dans un second temps.[4]

En 1287, le synode de Milan, décide que tout voleur de reliques soit arrêté par le curé local, et contraint de rendre les reliques. En cas de refus, le larron se verrait alors remis à la justice séculière.[5]

A partir du 15ème siècle, la sentence appliquée généralement au voleur de reliques sera celle de la pendaison.[6]

 

 

  1. Les dispositions préventives

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Au Moyen Age, en dehors des sanctions pécuniaires ou des châtiments corporels, variant selon la classe sociale du coupable, plusieurs dispositions ont été prises pour lutter contre le vol:

 

 

Les dispositifs de sécurité concernant le  lieu abritant la relique

 

Concrètement cela se traduit par un soin tout particulier apporté à rendre la relique insaisissable:

-d’une part par le dépôt de reliques dans des lieux dont l’accessibilité décourage l’éventuel voleur potentiel; on peut les sceller dans un mur d’une église ou d’une sacristie, dans un chapiteau, dans les quatre coins d’un clocher, dans l’autel lui-même. Les lieux ne manquent pas…

-d’autre part en disposant de nombreux cadenas sur le reliquaire lui-même ou dans le lieu le conservant.

 

La mise en place de gardiens de reliques

 

Ces personnes auxquelles font appel les instances religieuses, ont divers noms, selon les contrées: à Jérusalem, le gardien des reliques se nomme "staurophylax" alors qu’en Italie, pour la relique du sacro Catino, les surveillants ont pour nom "clavigeri". 

 

Ces gardiens ont apparemment deux fonctions principales:

 

-surveiller les reliques lorsqu’elles ne sont pas exposées au public.

-garder les reliques lors des ostensions, pèlerinages ou autres fêtes religieuses: ils doivent surveiller les fidèles et empêcher tout débordement ou toute tentative déplacée de vénération trop proche, voire de vol, ou encore de fragmentation de la relique à coup de dent par exemple…et rester intègres s’ils sont gardiens des clés, (comme pour les gardiens du Sacro Catino) ils ne doivent sous aucun prétexte les prêter à quelqu’un, pas même un proche, sinon la sanction ne se fait pas attendre.

 

La cachette des reliques

 

C’est une solution qui a été très souvent employée dans les faits au Moyen Age: lors de guerres, d’invasions ou de pillages, ou tout simplement lorsqu’on ressentait un danger imminent, on avait pour coutume de cacher les reliques. Il serait trop long de citer tous les exemples que l’histoire nous a laissés, mais disons seulement que cela fut le cas par exemple pour la relique de la Croix de Jérusalem lors de l’invasion perse en 614, ou encore pour la Tunique d’Argenteuil lors des invasions normandes où elle fut cachée dans un mur, puis plus tard dans la terre à la Révolution…Ce phénomène s’est encore produit au 20ème siècle, pour le Calice de Valence par exemple.

Dans les faits, la relique pouvait être cachée par un laïque ou un religieux, en cas de nécessité. Quant au type de cachette, de l’édifice religieux à la maison d’un particulier, en passant par l’enfouissement dans la terre, les possibilités sont quasi infinies.

 

 


 

[1] Hermann-Mascard N., Reliques des saints, p. 388.

 

[2] Idem, pp. 390-391.

 

[3] Frolow A., 285.

 

[4] Hermann-Mascard N., Reliques des saints, p. 397.

 

[5] Idem, p. 397.

 

[6] Ibidem, p. 401.

 

 

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