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Les croisades, medium de diffusions des reliques de la Passion

C’est à la faveur des croisades que les reliques de la Passion ont pu être diffusées.

 

Pour approfondir le sujet des croisades, on pourra consulter l’ouvrage d’Alain Demurger sur les croisades (définition de la croisade, préparatifs concrets, financement, mais aussi échanges entre croisés et musulmans), mais aussi celui de Michel Balard[1] qui insiste sur les échanges, sociaux, religieux, politiques et culturels entre les Croisés et les orientaux, et enfin celui de Thierry Delcourt[2]sur les Croisés et leurs traces laissées en Orient (nombreuses illustrations d’objets, de photographies, de cartes des trajets des croisades).

 

On se contentera de faire un rappel ici des dates des croisades avec des exemples non exhaustifs d’invention ou de citations de reliques de la Passion par les croisés, évêques, nobles ou chevaliers, tirés des informations recueillies dans les annexes de ce mémoire:

 

    1. La 1ère croisade

 

Le 27 Novembre 1095, la première croisade est lancée par le Pape Urbain II, à l’issue du Concile de Clermont.[3]

Jérusalem est prise par les Francs le 15 Juillet 1099.[4] 

 

Voici quelques exemples de reliques de la Passion que l’on peut lier à la première croisade :

 

·      Le Suaire de Cadouin aurait été découvert lors de la première croisade par des croisés de Godefroi de Bouillon et d’Adhémar de Montet, évêque du Puy, lors du siège d’Antioche, en 1098. Adhémar recueille le Suaire puis le confie avant sa mort Ã  son chapelain qui meurt à son tour en le confiant à un prêtre périgourdin.[5] Ce dernier l’emporte en France à Brunet, non loin de Cadouin, en 1115. En 1117, le Suaire est déposé ou plutôt d'après Collin de Plancy, emporté non sans désintéressement, par les moines dans leur monastère de Cadouin après l’incendie qui ravagea l’église du prêtre...[6]

·           La Lance d’Antioche est découverte le 14 Juin 1098 par les croisés lors de la prise d’Antioche. On lui attribue la mise en déroute l’armée de Kerboga par les croisés.

·           La Lance d’Etchmiadzine : Mély est persuadé que la Lance d’Etchmiadzine est celle d’Antioche. Perdue lors de la bataille de 1101, elle arrive tout d’abord, au monastère de Kiékart, non loin d’Erivan, puis est déposée et conservée au monastère d’Etchmiadzine.[7]

·           La Sacro Catino est mentionné pour la première fois vers la moitié du 12ème siècle, dans l’Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, de Guglielmo, archevêque de Tyr (1130 environ-1186). D’après son témoignage, les Croisés ont trouvé dans le temple que le roi Hérode fit construire en l’honneur d’Auguste, un vase de couleur verte que les Génois ont acquis par la suite à un prix d’or, pensant qu’il s’agissait d’émeraude...[8] C'est en 1101 que lors de la prise de Césarée, le sacro Catino tomba entre les mains des Génois qui l’apportèrent à Gênes, en l’église Saint Laurent.[9]

·           La relique du Pain de la Cène : Au 11ème siècle, à Toulon, Godefroy de Bouillon (1058-1100) fait don d’une relique du Pain de la Cène.[10]

 

    2. La 2ème croisade

Le 1er Décembre 1145, le Pape Eugène III lance la seconde croisade, après avoir appris la prise d’Édesse par le gouverneur de Mossoul Zengî (1127-1146).[11]

 

Voici quelques reliques de la Passion liées à la seconde croisade :

 

·           La relique de la Tunique de Trèves : En 1157, une lettre de l’empereur Frédéric Ier à l’évêque Hillin fait mention de la relique (Tunique de Trèves).

·      La relique de la Couronne d’épines : En 1149, à Saint-Pierre d’Albigny, Geoffroy de Miolans, parti pour la seconde croisade, rapporte trois Épines de Jérusalem.[12] Vers 1153, au château de Haguenau, l’empereur Frédéric Barberousse offre un fragment de couronne d’Épines.[13] En 1179, à Troyes, des Épines sont apportées par Henri Ier le Libéral, comte de Champagne. [14]

·           La relique de la vraie Croix : En 1164, à Jérusalem, lors d’une bataille, Amaury Ier fait le vÅ“u d’offrir sa croix pectorale contenant un fragment de la vraie Croix Ã  Clairvaux.[15] Le 4 Juillet 1184, lors de la bataille de Hattin’oul,  Guy de Lusignan perd le fragment de la vraie Croix. Un templier jurait l’avoir enfoui sur le champ de bataille. Ce dernier fut retourné trois jours durant, sans résultats…[16]

 

     3.La 3ème croisade

La troisième croisade est lancée par les Papes Clément VIII et Grégoire III après la nouvelle de la prise de Jérusalem le 2 Octobre 1187 par Saladin.[17]  

 

Voici quelques reliques de la Passion en rapport avec la troisième croisade :

·         La relique de la Couronne d’épines : En 1191, l’abbaye de Clairvaux reçoit de Philippe d’Alsace une relique de la sainte Couronne.[18]

·            La relique de la vraie Croix : En 1191, à Clairvaux, l’abbaye reçoit un reliquaire de Philippe d’Alsace, renfermant entre autres un fragment de la vraie Croix.[19] Après 1191, à Gênes, l’église Saint-Laurent reçoit une croix staurothèque de Conrad de Montferrat, trouvée par lui à la commanderie de l’hôpital de Saint Jean d’Acre.[20]

 

4. La 4ème croisade

La 4ème croisade[21] est lancée par le Pape Innocent III en 1198. 

 

Voici quelques reliques de la Passion liées à cette croisade :

·           La Colonne de la Flagellation : Antoine de Novgorod et Robert de Clari (vers 1170-après 1216) mentionnent l’existence de la Colonne de la flagellation dans l’église des Saints Apôtres.[22]

·           Le Vêtement de pourpre : En Mars 1206, à Saint-Aubain de Namur, en Belgique, Henri Ier de Flandre envoie une relique du Vêtement de pourpre entre autres, à son frère Philippe le Noble.[23]

·           La Lance : En 1206, dans l’abbaye de Clairvaux, un tableau-staurothèque est apporté par Hugues de Saint Guislain, contenant parmi tant d’autres reliques un fragment de la sainte Lance.[24]

·           La relique de la Couronne d’épines : En 1206, à Huy, Belgique, une relique de l’épine est apportée de Constantinople.[25] En 1208, la cathédrale d’Halberstadt reçoit de son évêque Conrad de Krosigk une Épine de la Couronne.[26]

·           La relique du Clou : Au 13ème siècle, à Carpentras, le saint Mors est arrivé à la faveur de la croisade de 1204.[27] En 1207,  l’abbaye du Mont Saint Quentin, dans la Somme, reçoit en dépôt un reliquaire byzantin renfermant la relique du Clou.[28]

 

5. La 5ème croisade

La 5ème croisade (1217-1221)[29] est lancée le 13 Avril 1213 par Innocent III.

 

·           La relique de la vraie Croix est liée à cette croisade:

Vers 1220, à Trèves, dans l’abbaye de Saint Mathias et Euchère, se trouve un tableau renfermant un fragment de la vraie Croix qui avait été rapporté par le chevalier Henri von Uelmen.[30]

 

6. La 6ème croisade

En 1223, le Pape Honorius III lance la 6ème croisade.[31]

 

Deux reliques de la Passion peuvent être liées à cette croisade :

·           La vraie Croix : En 1241, le croisé Jean de Aleïas, reçoit un fragment de la vraie Croix de Thomas, évêque d'Hiérapetra et d'Arcadie, que lui-même reçut du patriarche de Constantinople et qui avait été porté par l'empereur Emmanuel...[32]

·           La Lance : entre 1228 et 1240, l’abbaye Sainte-Hoïlde reçoit de l’abbesse Marguerite Dardres un reliquaire pour recueillir entre autre, un fragment de Lance, offert peut-être par Henri II, comte de Barr.[33]

 

7. La 7ème croisade

La 7ème croisade est lancée par le Pape lors du concile de Lyon en 1245.

Saint Louis y participera.

 

A cette période sont liées quelques reliques de la Passion :

·           La relique du Sépulcre : Vers 1251, l’église du Mont-Saint Quentin conserve dans un reliquaire un fragment du Sépulcre, offert par Saint Louis à son chapelain Rogers de Provins.[34]

·           La relique du Sang : En 1257, l’église de Neuvy-Saint-Sépulcre reçoit d’Eudes, cardinal de Tusculum, un reliquaire pour recueillir une relique du Sang.[35]

 


 

[1] Balard M., Les Latins en Orient, XI-XVe siècle.

 

[2] Delcourt T., Les croisades, la plus grande aventure du Moyen Age.

 

[3] Balard M., Les Latins en Orient, p.21.

 

[4] Idem, p. 51.

 

[5] Marion A., Jésus, p. 41.

 

[6] Collin de Plancy J.A.S., Dictionnaire, Tome III, p. 104.

 

[7] Mély F., Exuviae, p. 62-63.

 

[8] Calcagno D., « Il sacro Catino, Â»  p. 44.

 

[9] Fleury C., Mémoire, p. 276.

 

[10] Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 202.

 

[11] Balard M., Les Latins en Orient, p. 44.

 

[12] Mély F., Exuviae, p. 206.

 

[13] Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 194.

 

[14] Mély F., Exuviae, p. 209.

 

[15] Frolow A., 354.

 

[16] Idem, 377.

 

[17] Balard M., Les Latins en Orient, p. 47.

 

[18] Frolow A., 383.

 

[19] Idem, 383.

 

[20] Ibidem, 384.

 

[21] Balard M., Les Latins en Orient, p.170.

 

[22] Frolow A., 283.

 

[23] Idem, 470.

 

[24] Ibidem, 467.

 

[25] Mély F., Exuviae, p. 243.

 

[26] Idem, p. 254.

 

[27] Fleury C., Mémoire, p. 174.

 

[28] Frolow A., 473.

 

[29] Balard M., Les Latins en Orient, p.182.

 

[30] Frolow A., 504.

 

[31] Balard M., Les Latins en Orient, p.186.

 

[32] Fleury C., Mémoire, pp. 123-125.

 

[33] Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 188.

 

[34] Idem, p. 175.

 

[35] Ibidem, p. 183.

 

 

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