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Les sources écrites

Les reliques de la Passion peuvent être étudiées grâce à l’apport de nombreuses sources:
 
 
1. Les sources écrites
 
1.1. Récits de pèlerinages antiques
 
On peut citer un apport très important, celui des récits de pèlerinages aux premiers siècles. Cela nous permet d’avoir de nombreuses informations, non seulement sur les Lieux Saints, les églises qui y sont liées, mais aussi les mentions de certaines reliques et parfois même le culte qu’on leur porte.Le récit de pèlerin le plus ancien est celui du pèlerin de Bordeaux: il a voyagé de Constantinople à Jérusalem en 333 et mentionne la Colonne de la flagellation, le Golgotha, le saint Sépulcre.[1]
 
Un autre récit très connu est celui de la pèlerine Égérie qui est arrivée à Jérusalem en 381 et en est repartie en 384.Il est intéressant à plus d’un titre, car on y trouve de nombreuses précisions sur la liturgie autour des Lieux saints à Jérusalem, ainsi que des mentions de reliques comme celle du Sang, des Cordes, des Sandales, du Roseau.[2]
 
La lettre de Jérôme, narrant le pèlerinage en 385-386, d’une certaine Paula, une aristocrate romaine. On y voit mentionnés Jérusalem avec l’Anastasis, le Golgotha et Sion et les reliques de la Pierre roulée, la Colonne de la flagellation.[3]
 
Dans La vie de Pierre l’Ibère, qui a été écrite par Jean Rufus, ou Beth Rufina, et qui retrace le pèlerinage de Pierre l’Ibère à Jérusalem en 438-439, on trouve aussi un témoignage sur les Lieux saints et en particulier L’Anastasis et le Golgotha, ainsi que la relique de la Croix.[4]
 
Un récit de pèlerinage, daté entre 560 et 570, anonyme et pourtant très fameux et riche d’informations est celui de l’Itinéraire, attribué au Pèlerin de Plaisance. Y sont cités notamment, la Grotte de Gethsémani, l’Anastasis, la Pierre roulée, le Golgotha, la relique de la Croix, l’Éponge, le Calice, le Roseau, la Colonne de la flagellation, la Couronne d’épines, la pierre du prétoire de Pilate.[5]
 
Un autre récit de pèlerinage, non moins important pour ses données informatives est celui du pèlerinage de l’évêque Gaulois Arculfe: Adomnan, l’abbé d’un monastère de l’île d’Iona, en Écosse, rapporte par écrit son récit oral dans Des lieux saints. L’Anastasis, le Golgotha sont mentionnés et décrits ainsi que le Sépulcre, la Pierre roulée, le Calice, l’Éponge, la Lance, le Suaire à Jérusalem[6] et aussi la relique de la Croix à Constantinople et son culte.[7]
 
 
1.2 Correspondances et textes patristiques
 
On dispose aussi d’autres documents comme des échanges épistolaires datés, entre hauts personnages de la Cour ou de l’Église, ou de simples religieux, mentionnant telle ou telle relique dans tel ou tel lieu, ou évoquant leur culte.Leur importance peut être considérable.
 
L’exemple le plus représentatif pourrait être la lettre que Théodore Anne Comnène écrivit au Pape Innocent III.
Un Codex, conservé à la bibliothèque nationale de Palerme comportait une copie de cette lettre. C’est uniquement grâce à celle-ci, que nous apprenons ce qu’il est advenu du suaire (suaire de Turin) qui était conservé à Constantinople, et qui a disparu lors de la croisade, en 1204.
 
La lettre est datée du 1er août 1205: «L’an dernier, au mois d’avril, détournée d’une prétendue libération de la Terre Sainte, l’armée croisée est venue dévaster la ville de Constantin…Au cours de cette dévastation, les soldats de Venise et de France se sont livrés au pillage des édifices sacrés. Ils ont pris des trésors d’or, d’argent et d’ivoire, et se les sont partagés: aux Vénitiens les reliques des Saints ; aux Français, ce qu’il y avait de plus sacré parmi ces dernières: le linceul où fut enveloppé après sa mort et avant sa résurrection, Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous savons que ces choses sacrées sont conservées à Venise, en France et autres pays des pillards, le Sacré Linceul étant à Athènes.»
 
Il ne reste aujourd’hui qu’une copie de ce Codex détruit à Palerme dans un bombardement en 1943. En 1207, Nicolas d’Otrante, abbé de Casole, fait mention aussi du Suaire à Athènes.[8]
 
Un autre exemple : en 1157, une lettre de l’empereur Frédéric Ier à l’évêque Hillin fait mention de la relique de la Tunique de Trèves.[9]
 

 

1.3. Conciles et textes émanant de la Papauté
 
Ils traitent des reliques de la Passion ou du moins les évoquent.
 
En 1100, à Jérusalem, un concile se tient pour juger le patriarche Daimbert qui avait pris un fragment de la vraie Croix du Saint-Sépulcre.[10]

 

En 1134, dans la cathédrale de Pise, une croix en bois n’était autre pour Rohault de Fleury, qu’un fragment de la vraie Croix apporté par Saint Bernard de Clairvaux au concile de Pise.[11]

 

Les Papes ont également émis des bulles, autorisant le culte des reliques de la Passion pour certaines d’entre elles.
 

 

1.4. Textes hagiographiques
 
Ce sont des textes qui ont pour sujet des récits de Miracles, ou des récits de translation de reliques: on peut en découvrir dans la Bibliotheca Hagiographica Latina et Bibliotheca Hagiographica Graeca.

 

 
1.5. Traités théologiques
 
Pour le Moyen Age, nous disposons du Lemmata sanctorum de Théofried d’Echternach et le De pignoribus de Guibert de Nogent.

 

 
1.6. Chroniques et annales historiques et médiévales
 
Ce sont des récits historiques comme des chroniques, par exemple l’Historia rerum in partibus transmarinis gestarum de Guillaume, archevêque de Tyr (1130 environ-1186), les Annales de Caffaro di Rustico da Caschifellone, (1080 environ-1164 environ), ou encore l’Historia de rebus Hispanie sive Historia gotica, l'archevêque de Tolède, Rodrigue Jiménez de Rada, (1170-1247) pour le sacro Catino.
 
En ce qui concerne la bibliographie, la majorité des ouvrages fait mention des sources historiques se référant aux reliques: on peut citer en exemple, Exuviae sacrae Constantinopolitanae, un ouvrage en trois volumes dont les deux premiers ont été écrits par le comte Paul Riant, et le troisième terminé par son collègue Fernand de Mély, au 19ème siècle: on y trouve de nombreuses sources historiques sur les croisades, et des reliques ; le dernier ouvrage, celui de Fernand de Mély, nous intéresse de façon particulière car il étudie les reliques de la couronne d’Épines, de la Lance et de la Croix, tant du point de vue des sources historiques que des localisations.
 

 

1.7. Inventaires de reliques
 
Un apport très important réside dans les inventaires de reliques: en effet, de façon périodique, dans les églises et les monastères, on faisait une liste des reliques conservées. Parfois ces inventaires se sont perdus, dans d’autres cas, ils nous sont parvenus.
 
Pour une même église d’une période à une autre, on peut constater que de nouvelles reliques sont conservées ou au contraire que certaines ne sont plus mentionnées: elles ont pu être perdues, volées, ou surtout diffusées dans d’autres lieux.
 
Grâce à ces listes, nous pouvons savoir quelles reliques de la Passion étaient conservées dans tel ou tel lieu à tel moment donné de l’histoire, mais parfois aussi la provenance, par exemple de Jérusalem, ou de Constantinople, et le donateur ou la donatrice, qui peuvent être des religieux dans un sens large (pape, évêque, abbé, moine) des membres de la noblesse, hommes ou femmes, des chevaliers...
 
Le travail sur les inventaires est très difficile, on l’a comparé à celui des archéologues qui doivent reconstituer l’histoire d’un site en remontant strate par strate la zone étudiée. Les inventaires revêtent une grande importance dans l’étude des reliques de la Passion.
 
Il convient ici de citer plusieurs ouvrages incontournables à ce sujet, celui de Frolow, La relique de la vraie Croix: il fait un inventaire (non exhaustif) des reliques de la vraie Croix, mais nomme aussi les autres reliques de la Passion. Son ouvrage est une vraie mine d’or en ce sens.
 
Un ouvrage plus récent, mais non moins riche, est celui de Pierre Dor, Les reliquaires de la Passion en France du 5ème au 15ème siècle: Son étude est limitée à la France, mais complète celle de Frolow. Dans son ouvrage très clair, très bien organisé et présenté, il fournit de nombreuses autres informations au sujet des reliques de la Passion.

 

On peut citer aussi un ouvrage repris par les premiers ci-dessus, le Mémoire des instruments de la Passion de Rohault de Fleury, qui ne se borne pas aux inventaires mais traite aussi des descriptions et historiques des reliques de la Passion.
 
1.8. Les authentiques
 
N’oublions pas de dire quelques mots aussi sur les authentiques de reliques: ces bandelettes de papier très fines sur lesquelles on écrit l’identité de la relique correspondante, figurent quelquefois dans les reliquaires; malheureusement, de nos jours, un grand nombre d’entre eux n’existent plus. Ils facilitent le travail d’inventaire et aussi d’identification: quelquefois certains reliquaires à compartiments en sont encore munis, grâce à eux on peut savoir quelle relique est ou était conservée. Cela est très utile, surtout pour les fragments de reliques, qui sont de trop petite taille pour que l’on puisse procéder à la moindre étude permettant une identification.
 
Un auteur, Galland Bruno, a étudié les authentiques du Sancta Sanctorum à Rome.[12] Grâce à son ouvrage, j’ai ainsi pu compléter la rubrique « localisation » de mon catalogue.
 

 

 

 

[1] Maraval P., Récits, Le pèlerin de Bordeaux, p. 32.
[2] Maraval P., Récits, Egérie, p. 61.
[3] Maraval P., Récits, Jérôme et Paula, pp. 150-151.
[4] Maraval P., Récits, Pierre L’Ibère, p. 164.
[5] Maraval P., Récits, Le pèlerin de Plaisance, pp. 216-220.
[6] Idem, pp. 241-249.
[7] Ibidem, pp. 281-283.
[8] Marion A., Lucotte G., Le linceul, p. 53, et R. de Brienne D., Dictionnaire, p. 20.
[9] Marion A., Jésus, p. 130.
[10] Frolow A., 285.
[11] Idem, 322.
[12] Galland B., Les authentiques de reliques du Sancta Sanctorum.

 

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