LES RELIQUES
DE
LA PASSION DU CHRIST
Conclusion
C’est ainsi que les reliques de la Passion apparaissent bien comme des "res sacrae". C’est comme si, par l’intermédiaire de ces éléments, on pouvait lever le voile cachant le monde céleste, en en contemplant déjà des parcelles d’éternité…Des théologiens se sont interrogé, disputé, ont statué sur de tels objets, tant leur nature que leur culte, ont réfléchi à leur place dans la Foi des chrétiens.
Les reliques de la Passion sont des objets matériels, considérés non pas pour eux-mêmes mais toujours comme un médium pour aller vers Dieu : elles sont empreintes d’une dimension sacrée par la "vis viva" qui les anime et leur confère le pouvoir de faire des miracles. Cette « énergie divine » les rend dignes de dévotion parce qu’elles témoignent de la Rédemption, du Christ Sauveur, Fils de Dieu.
Les Papes ont soutenu les reliques de la Passion par l’octroi d’indulgences, la permission de culte, les dons et les cérémonies religieuses en leur honneur : les reliques sont un support de la foi et de la dévotion du chrétien. Elles permettent au prince comme à l’homme simple de se souvenir d’un épisode essentiel à son salut, mais au-delà , de se souvenir de l’amour d’un Dieu, qui a souffert une Passion douloureuse pour assurer à l’homme une terre d’éternité bienheureuse.
Pour répondre à la problématique de l’étude des reliques de la Passion dans un contexte pluridisciplinaire, nous avons choisi d’aborder une présentation générale des reliques de la Passion incluant leurs utilisations, leurs diffusions et leur place dans la société médiévale.
Il a été question lors de ce mémoire de considérer deux aspects constitutifs de la relique : son aspect concret et son aspect sacré.
Nous avons donc abordé une partie archéologique traitant du premier aspect, au cours de laquelle nous avons constaté que de nombreuses disciplines viennent appuyer l’étude purement archéologique : l’histoire bien évidemment, mais aussi l’ethnologie, la médecine, la biologie, la physique, la chimie, la palynologie…Cet angle d’étude et de réflexion a permis de coordonner l’ensemble de ces différentes disciplines dans le but unique de connaître et de donner une interprétation des reliques de la Passion au Moyen Age : c’est ainsi que dans les annexes, chaque relique est étudiée de façon claire et méthodique, en commençant par sa description, -éventuellement ses études spécifiques comme pour le Linceul de Turin ou le Soudarion d’Oviedo- sa localisation, son historique et son culte. On peut également retenir de cette étude l’importance de l’archéologie comparative comme nous avons pu le voir avec l’étude en parallèle du Linceul de Turin, du Soudarion d’Oviedo et de la Tunique d’Argenteuil. On peut aussi être amené à considérer la méthode de datation au C14 avec beaucoup de prudence au vu des conclusions des analyses médico-légales sur le Linceul de Turin et le Soudarion d’Oviedo, aboutissant à la conclusion qu’une seule et même personne a été en contact avec les deux objets, que pourtant des siècles séparent si l’on observe les résultats des datations au C14. Par ailleurs les travaux de Dimitri Kousnetsov,[1] biochimiste, directeur du Sedov Biopolymer Laboratory, ont confirmé que les tissus subissant de fort chocs thermiques comme des incendies se chargent irrémédiablement en carbone qui de fait rajeunit l’âge de l’objet...
L’aspect sacré de la relique, abordé dans une troisième et dernière partie a permis de découvrir l’historique d’une réflexion religieuse sur les reliques de la Passion, mais aussi l’existence d’une typologie religieuse et une approche du miracle généré par les res sacrae. Ainsi l’étude des reliques est-elle complète. On peut en percevoir les particularités, en interpréter le sens, saisir la notion d’authenticité.
Comprendre le passé, comprendre l’homme médiéval.
Les reliques de la Passion, sont un élément de ce monde d’autrefois qui demeure encore bien présent dans notre monde d’aujourd’hui.
A travers les reliques de sa Passion, le Christ n’est pas un Dieu inaccessible, c’est aussi un Homme.
Le chrétien du Moyen Age et celui des siècles suivants, médite sur la souffrance du Christ qui lui a valu le salut et qui de ce fait le conforte dans l’espérance dans sa vie d’ici-bas: le Christ qui a souffert peut comprendre l’homme, et transforme la souffrance en un motif d’espérance, la Croix, instrument de sa mort, devient l’emblème de la vie, de l’espérance, de la victoire.
Dans une certaine mesure avec les reliques de la Passion, les paroles du Christ prennent sens et vie:
« Et moi je serai avec vous jusqu’à la fin des temps. » [2]
[1] Siliato M.G., Contre-enquête, pp. 112-119.
[2] Saint Matthieu, 28, 20.