top of page

Méthode d'étude de l'archéologie

 

1.4. Méthode d’étude de l’archéologie

Maintenant que nous avons une idée plus précise sur quels objets se penche l’archéologie, il est temps de prendre connaissance de la méthode d’étude qu’emploie cette discipline.

 

1.4.1. Raisonnement et méthode de travail en archéologie

 

C'est dans l'article de Jean Paul Demoule,[1] qu'on peut trouver formulées de la façon la plus simple et la plus compréhensible, les Â« règles du raisonnement scientifique Â» qui comprennent:

« a) la définition d’objectifs.

b) la collecte de données.

c) la description des données.

d) le traitement de données.

e) l’interprétation du traitement.

f) la validation de l’interprétation Â» par deux démarches, l'archéologie expérimentale et l'ethnoarchéologie.»

 

A présent nous allons donc reprendre point par point les éléments cités par le Guide des méthodes de l'archéologie, afin de les expliquer et de les confronter à une éventuelle étude des reliques.

 

a) La définition d'objectifs

 

L'archéologue se doit de réfléchir aux buts qu'il se propose dans l'étude de tel ou tel objet archéologique et les énoncer clairement: cela lui permet de ne pas se perdre dans un travail confus ou trop vaste, entraînant une perte notable de la qualité de son étude.
C'est un préalable à tout travail sérieux.

 

b) La collecte de données

 

« Les données constituent le corpus ou la population en termes statistiques sur lequel va porter toute étude. La cohérence chronologique et spatiale du corpus choisi est une condition indispensable à la pertinence du classement. Â»[2]

En archéologie, la collecte de données peut être réalisée soit par l'apport concret et direct d'informations lors de prospection,
ou de fouilles archéologiques par exemple, soit par des recherches bibliographiques. Cela inclut aussi la documentation photographique.

 

c) La description des données

 

On peut distinguer plusieurs critères pour la description des données:

 

  • « Les critères dits intrinsèques, qui sont des propriétés même de l’objet comme sa forme, sa couleur, sa matière,
       serviront Ã  l’analyse du corpus. Â»
  • « Les critères extrinsèques comme le lieu de la découverte, la fonction ou la période chronologique, Â»
      qui « sont enregistrés et serviront à l’interprétation du résultat de classement. Â»
  • « Les critères techniques (matériaux, techniques), morphologiques, métriques et décoratifs. Â»[3]

 

d) Le traitement des objets

 

Il consiste dans:

 

  • La quantification des objets ou fragments d'objets archéologie
On peut quantifier objets archéologiques en NMI, nombre minimum d'individus, (par exemple, si l’on trouve deux crânes, on saura
que le NMI, le nombre minimum d’individus est de 2) en NR ou nombre de restes, ou enfin en PR ou poids de restes...

 

  • La classification des objets

« Les méthodes de classification sont très utilisées en archéologie, elles sont à la base de la plupart des systèmes chronologiques
et culturels actuels. Â»[4]

On peut classer les objets par type, par utilisation ou répartition géographique par exemple.

 

  • La datation éventuelle des objets

Lorsque l’état de conservation et la matière des objets archéologiques le permettent, on peut procéder alors à une datation.

 

e) L’interprétation

 

Elle peut être réalisée en termes de « temps, d'espace, et de fonction » pour reprendre les termes du Guide des méthodes de l'archéologie.[5] Il est manifeste que l'interprétation des reliques n'est pas étrangère à ces notions. Elle s'inscrit dans la période du Moyen Age, dans une zone géographique large et elle évoque les utilisations religieuse, politique et économique des reliques.

L'interprétation n'est pas une tâche dépourvue d'écueils: en archéologie, le caractère fragmentaire des objets et de l'information entraînent des zones d'ombre que l'on peut interpréter de diverses façons. «En archéologie, une présence est sans ambiguïté; une absence au contraire peut avoir des sens différents. Le propre de l’inventaire archéologique est d’être lacunaire. Â»[6] Et c'est là que l'on peut constater que « deux difficultés peut-être résument les autres, le caractère subjectif de l’interprétation et le caractère relatif de l’évidence en archéologie. »[7]

L'archéologue doit composer avec l'absence d'informations, l'incertitude: « Les incertitudes les plus graves concernent l’identification des objets et des structures, mais plus souvent encore leur date. Â»[8] Quelquefois le recours à l'analogie est nécessaire, et cela est très délicat, car faire une analogie laisse le champ libre à la subjectivité de l'archéologue: « L’analogie tient une grande place dans le raisonnement archéologique et constitue un autre danger, car elle est difficile à établir correctement. »[9]

 

f) La validation de l'interprétation

 

L'interprétation est validée par l'archéologie expérimentale et l'ethnoarchéologie. En ce qui concerne les reliques de la Passion, on peut avoir recours à ces moyens, notamment en ce qui concerne les linges funéraires et les Tuniques.

 

 

1.4.2. Méthodes de datation et d’analyse

 

Découvrons maintenant les différentes méthodes de datation utilisées par l'archéologie lors d'étude d'objets ou de sites et qui peuvent être utiles dans l’étude des reliques de la Passion.

 

  • La dendrochronologie
 

Cette méthode permet de dater le bois par le calcul des cernes de croissance du bois.[10]

 

  • La datation au carbone 14 (C14)
 

« La méthode de datation au C14 est une méthode de datation radiométrique basée sur la mesure de l'activité radiologique du C14 contenu dans de la matière organique dont on souhaite connaître l'âge absolu, à savoir le temps écoulé depuis sa mort. Â» [11]

Tout être vivant, homme, animal, ou plante, absorbe du C14 pendant la durée de sa vie. A leur mort, la quantité de C14 présente dans l’organisme, s’amoindrit au fil du temps; en 5730 ans, elle diminue de moitié.

Pour procéder concrètement à une datation au C14, on prélève un échantillon de matériau organique; cela concerne les tissus, les graines, le bois, mais aussi le charbon, la tourbe, les coquillages, et enfin les ossements. Ensuite, « il suffit de compter la quantité de carbone 14 résiduelle et le rapport avec le carbone 12, pour dater un échantillon. Â»[12] Mais cette méthode de datation a des limites, comme le confirment François Giligny et Anne Lehoërff: « la production de C14 n’a pas été constante au fil du temps et les dates obtenues d’après le calendrier du radiocarbone étaient plus jeunes que les dates réelles. Â»[13] Par conséquent, il est nécessaire d’employer pour un même objet d’autres méthodes de datation en même temps que la datation au carbone 14 par mesure de précaution : « Il est donc nécessaire de construire des courbes d'étalonnage en confrontant les datations obtenues grâce au carbone 14 et les datations par d'autres méthodes telle que la dendrochronologie Â».[14]

 

  • La palynologie
 

« Le mot palynologie a été introduit par Hyde & Williams en 1944 pour remplacer un terme plus vaste que « analyse pollinique Â» qui était principalement utilisé pour des travaux réalisés sur le Quaternaire. L'étymologie vient du grec palunein, « saupoudrer, Â» et logos,  « discours. Â»La palynologie est désormais une science auxiliaire importante de l'archéologie. En effet, « elle permet d'obtenir un grand nombre d'informations liées au milieu dans lequel évoluait l'homme du passé. Quand des pollens ont été piégés, et conservés dans une structure archéologique, leur analyse et leur comptage apporte plusieurs types d'informations: des renseignements sur l'environnement végétal général, des informations sur les pratiques de l'homme, et des datations. Â»[15] Pour obtenir une datation relative, on prélève des échantillons de pollens, que l’on compare ensuite avec des diagrammes polliniques.[16]

 

  • La paléobiologie
 
« Sous le terme de paléobiologie sont regroupées toutes les approches biochimiques ou moléculaires sur les vestiges humains qui permettent d’analyser la génétique des populations ou leur mode d’alimentation, pour ne citer que des applications les plus fréquentes. Â»[17] Cependant, il y a des limites à ces procédés : d’une part les conditions de conservation des objets, d’autre part l’échantillon qui doit être proportionné à l’objet ou au corpus qu’il représente.[18]

 

 

  • La sédimentologie      

 

Cette discipline a pour objet « l’étude de la formation et de l'évolution des sédiments. Â»[19] Elle peut être utile pour l’étude de vestiges rocheux par exemple.

 

 

  • L’anthropologie
​

Cette discipline a pour objet « l’étude générale de l'homme sous le rapport de sa nature individuelle ou de son existence collective, sa relation physique ou spirituelle au monde, ses variations dans l'espace et dans le temps. Â» [20] « La fouille des sépultures comporte dès que possible une observation attentive des restes, de leur nature, de leur position, des études de taphonomie (processus qui va du cadavre déposé aux vestiges découverts). Le but est ici de comprendre des pratiques funéraires, de redonner ainsi au mort la place qui lui revient dans la tombe et de connaître les modalités de prise en charge de la mort, inéluctable et redoutée, par la société des vivants. Â»[21] Ainsi le mort n’est plus relégué au rang de l’oubli comme cela était le cas au 19ème siècle.  L’étude des restes humains est aussi utile pour apprendre de nombreuses informations sur le défunt en particulier, son état de santé, mais aussi sur les populations en général, leurs habitudes de vie.

 

 

 

[1] Demoule J.P., « Théories et interprétations en archéologie Â» in Demoule, Guide, p.190.

 

[2] Giligny,F. « De la fouille à l’interprétation: le traitement des données, Â» in Demoule, Guide, p.129.

 

[3] Idem, p.131.

 

[4] Ibidem, p.127.

 

[5] Demoule J.P., « Théories et interprétation en archéologie, Â» in Demoule, Guide, pp. 189-190.

 

[6] Pesez J.M., L’archéologie, p.29.

 

[7] Idem, p.20.

 

[8] Ibidem, p.28.

 

[9] Ibidem, p.28.

 

[10] Giligny F. et Lehoërff A., « Les cadres de l’interprétation Â», in Demoule, Guide, p.84.

 

[11] http://fr.wikipedia.org/wiki/Datation_au_carbone_14. Lien valide le 29 Avril 2010.

 

[12] Giligny F. et Lehoërff A., « Les cadres de l’interprétation Â», in Demoule, Guide, p.88.

 

[13] Idem, p.92.

 

[14] http://fr.wikipedia.org/wiki/Datation_au_carbone_14. Lien valide le 29 Avril 2010.

 

[15] http://fr.wikipedia.org/wiki/Palynologie#Applications_en_arch.C3.A9ologie. Lien valide 29 Avril 2010.

 

[16] http://fr.wikipedia.org/wiki/Palynologie#Applications_en_arch.C3.A9ologie. Lien valide le 29 Avril 2010.

 

[17] Giligny F. et Lehoërff A., « Les cadres de l’interprétation Â», in Demoule, Guide, pp. 111-112.

 

[18] Idem, p. 118.

 

[19] http://www.cnrtl.fr/definition/sédimentologie. Lien valide le 29 Avril 2010.

 

[20] http://www.cnrtl.fr/definition/anthropologie. Lien valide le 29 Avril 2010.

 

[21] Giligny F. et Lehoërff A., « Les cadres de l’interprétation Â», in Demoule, Guide, p. 107.

 
 
bottom of page