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La Couronne d'épines

 

                                                                                                          

Description

 

D'après l’écrit des Voyages de Jean de Mandeville, (†1372) la relique de la Couronne d'épines est constituée de deux éléments:

-une couronne de jonc

-des branches d’épines

 

Jean de Mandeville, dit avoir examiné les deux reliques de la Couronne, celle de Paris et de Constantinople.

 

Selon lui, la couronne de joncs a été reçue telle quelle par Saint Louis, les branches d’épines étant restées à Constantinople.

 

 

La Couronne d'épines de Paris: l'anneau de jonc tressé

 

La Couronne d’épines conservée à Paris est un anneau de jonc tressé.

Le diamètre intérieur de l’anneau est de 21 cm et la section fait 1,5 cm de diamètre.

Les joncs sont reliés par quinze ou seize attaches de joncs semblables.

Le diamètre des joncs varie de 0,10 cm à 0,15 cm.[1]

On pense que les soldats romains ont enroulé des épines dans cet anneau, en guise de parodie de couronnement royal.

L'anneau de jonc servait donc de support aux épines.[2]

La relique est conservée dans un reliquaire de cristal en forme de couronne.

 

La Couronne d'épines de Constantinople: le « casque » d'épines

 

« Il s’agit d’une sorte de casque d’épines tressées Ziziphus Spina Christi. Une épine droite suit une épine courbe. Le casque d’épines était enserré dans une couronne faite de joncs tressés. »[3]

 

Remarques

 

L’obit de Pierre d’Avoir au 14ème siècle que cite Fernand de Mély dans Exuviae sacrae Constantinopolitanae, montre qu’une épine qui a été touchée à une Épine de la Couronne d’épines a par la suite été considérée comme une originale... « Unam de spinis quae fuit apposita coronae spinae nostri Redemptoris. »

 

D'après Mély, le nombre d'Épines s'explique par le fait que les chrétiens en pèlerinage à Jérusalem, emportaient des épines venant d'un zyzyphus situé non loin du Golgotha, comme souvenir. Cela a pu causer des confusions volontaires ou involontaires, certaines de ces épines étant considérées au bout d'un certain temps comme étant une authentique Épine de la Couronne...Il n'est pas impossible non plus de penser que certaines duperies ont pu être réalisées de cette façon...[4]

 

 

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Autres reliques de la Couronne d'épines

 

Sont consignées ici les reliques de la Couronne d'Épines dont la date de mention, d'arrivée ou de départ d'un lieu n'est pas précisée ou encore, mais cela est moins fréquent, dont l'existence n'est pas certaine.

 

Étant donné que Rohault de Fleury par exemple, ne s'arrête pas à l'étude des reliques de la Passion au 13ème siècle, mais poursuit beaucoup plus loin, il m'a semblé préférable de recenser les reliques de la Couronne d'Épines dont la date n'est pas précisée ici: ainsi cela pourra éviter de mentionner sans le vouloir des reliques éventuellement plus tardives...

 

Rohault de Fleury fait mention, mais sans donner de dates, des reliques de la Couronne d'épines au Palais électoral de Munich, en Bavière, en l'église de la confrérie de la Charité à Venise, à Bologne, en l'église Saint Dominique, et dans l'église des Chartreux, dans le duché d'Urbin, Città di Castello, en Catalogne dans le diocèse de Solsona, à Tarragia.[5]

 

Plusieurs reliques de la sainte Couronne provenant de la Sainte Chapelle sont conservées à Paris: une Épine à Saint-Eustache, Saint-Germain d'Auxerre, aux Saints Innocents, à Saint Barthélémy, chez les Carmes de la place Maubert, à Port-royal-des-Champs, Port-royal-de-la-ville.[6]

 

Reliques de Joncs

 

Rohault de Fleury, mentionne dans son Mémoire sur les instruments de la Passion, sans donner de dates, un fragment de jonc dans la cathédrale d'Autun.

 

Reliques de Branches de Ziziphus

 

Rohault de Fleury, mentionne ensuite dans son même ouvrage, sans donner de dates:

-quatre branches d'épines, à Andechs, en Bavière. Fleury C., Mémoire, p. 212.

-à Wevelghem, en Belgique, non loin de Courtrai. Fleury C., Mémoire, p. 214.

 

Reliques d'Épines simples

-Angers, Saint-Laud. Fleury C., Mémoire, p. 214.

-Baume, diocèse de Besançon. Fleury C., Mémoire, p. 215.

-Bordeaux, église Sainte-Croix. Fleury C., Mémoire, p. 215.

-Saint Gudule de Bruxelles, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 216.

-au Couvent des Dominicains de Carpentras, une Épine. Fleury C., Mémoire, p.216.

-à Châlons, diocèse d'Autun, une Épine dans l'église Saint-Pierre. Fleury C., Mémoire, p. 216.

-à Chelles, l'abbaye royale Notre-Dame de Chelles, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 216.

-à Colle, deux épines. cf. office et fête. Fleury C., Mémoire, p. 217.

-à Florence, deux Épines à Santa Maria degli Angeli, une à Santa Maria della Concezione, une à Santa Croce, une à San Giorgio del Santo Spirito, une à San Girolamo, quatre à Saint Laurent, une à Santa Lucia in San Gallo, quatre à Saint Marc, une à Sainte Marie des Fleurs, deux au monastère de Monticelli, sept à Saint Pierre Majeur, trois à Sainte Ursule.

 

Au 19ème siècle, il n'en restait qu'à la Sainte Croix, Sainte Marie des Fleurs, et Saint Laurent...

-à Fontainebleau autrefois, trésor de l'église royale, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 220.

-à Gray, diocèse de Besançon, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 220.-en l'abbaye royale de Lagny, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 220.

-à l'église de Longpont, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 220.-à l'hôpital Saint Nicolas de Melun, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 220.

-à l'église Saint Augustin de Nice, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 220.

-à Perpignan, en l'église Saint Jean Baptiste, une statue de Sainte Hélène renfermant trois Épines ; en l'église Saint Mathieu, quatre Épines... Fleury C., Mémoire, p. 220.

-à Pontarlier, une Épine dans la paroisse. Fleury C., Mémoire, p. 220.

-à Raguse, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 220.

-en l'église Saint Pierre de Reims, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 220.

-à Rome, au couvent Saint-Bernard-des-thermes, une Épine, au cloître Saint-Laurent-in-pane-perna, une Épine, deux à Saint-Pierre, deux à Saint Barthélémy, une à Saint-Bernard, une à Saint-François à Ripa, trois à Sainte Praxède rougies du Sang du Christ, deux à Saint Sylvestre, une à Anagni, La Riccia, une à Saint-Jean de Latran, une partie à Sainte Marie in Transtevere, une partie à Saint-Roch, trois à Saint Marc, une partie à Sainte Marie in Campitelli. Fleury C., Mémoire, p. 221.

-à Soleilmont, en Belgique, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 221.

-à Toulouse, une Épine. Fleury C., Mémoire, p. 221.

 

Certaines reliques de la Couronne d'épines furent également acquises par Saint Louis, indépendamment de l’anneau de Jonc et se sont perdues. D’autres sont disséminées actuellement dans une centaine d’églises, en particulier à Bruges en Belgique.[7]

 

Historique

 

En 409, Saint Paulin de Nole mentionne la relique de la Couronne à Jérusalem, dans la basilique du Mont Sion. [8]

 

Grégoire de Tours (538-594) aussi y fait allusion, note Rohault de Fleury.[9]

Au 6ème siècle la couronne d’Épines est conservée dans l'église de Sion ou « église supérieure des apôtres », à Jérusalem.[10]

En 570, Antoine le Martyr cite lui aussi la relique dans l'église de Sion, à Jérusalem: « In basilicam sanctam Sion...est et corona spinea, qua Dominus fuit coronatus, et Lancea, de qua in latere percussus…»[11]

D’après l’Itinéraire, le récit de pèlerinage du Pèlerin de Plaisance, daté entre 560 et 570, la Couronne d’Epines était conservée à Jérusalem.[8]Vers 575, Cassiodore fait aussi mention de la relique à Jérusalem, dans son Commentaire du Psaume, LXXV.[13]

 

La relique sera mentionnée aux 7ème, 8ème, 9ème siècles dans les Itinéraires.

 

En 870 la Couronne était encore dans la basilique de Sion à Jérusalem.[14]

 

La sainte Couronne et les autres grandes reliques sont apportées de Jérusalem dans le trésor des empereurs de Constantinople.

Jannic Durand précise que c'est avant la première moitié du 10ème siècle, que la Couronne d'Épines devient la possession de l'empereur de Constantinople, puisque le reliquaire de relique de la Couronne d'épines de Limbourg-sur-la-Lahn, en Allemagne, -citée dans la localisation- nomme l'empereur Constantin VII Porphyrogénète, au pouvoir entre 913 et 959.

 

La relique est conservée dans la chapelle du palais de l'empereur, appelée chapelle du Phare.[15]

Vers 1200, Nicolas Mésaritès, gardien de cette chapelle décrit la relique de la Couronne d'épines.[16]

En 1203, le chroniqueur Robert de Clari (vers 1170-après 1216) témoigne lui aussi: « Si estoit li palais de Bouche de Lion…si y avoit bien trente chapeles...et si y trouva on la benoîte Corone…»[17]

 

L’empereur Baudouin II (1228-1261) lors de son passage à Paris en 1238, demande à Louis IX quelque assistance financière en échange de l'engagement de la Couronne du Christ qui était à Constantinople. Le roi accepte: « A ce moment, Saint Louis a remis à Baudouin pour la seule Couronne, 7800 livres à titre de prêt, plus 13.200 livres à la conclusion de la vente, versées par le pannetier Adam, soit 21000 livres d’argent fin, considérées comme équivalant à 470.000 francs or. »[18]

 

Deux frères prêcheurs Jacques et André de Longjumeau, sont envoyés par Saint Louis à Constantinople pour rapporter la Couronne d'épines.[19] Celle-ci était déjà engagée à un vénitien, Nicolas Quirino, le 4 Septembre 1238.

 

Elle est alors transférée par les dominicains à Venise, où elle reste jusqu'en février 1239, le temps que le règlement de Saint Louis arrive à bon port.

 

Le roi accueille la Couronne d'épines à Villeneuve-l’Archevêque, non loin de Sens, le 10 Août. La relique arrive à Sens le 11 Août, puis à Paris le 19 Août, en la chapelle du Palais, et enfin, à Saint-Denis le 3 Octobre, où elle restera pendant la construction de la Sainte Chapelle.[20] En 1248, la sainte Couronne est déposée dans la Sainte Chapelle alors édifiée sur l'ordre de Saint Louis.

 

Toutefois, après 1261 la relique de la Couronne était visible à Constantinople.[21]Il devait s'agir non pas de l'anneau de Jonc tressé conservé à Paris mais du « casque » d'épines.

 

A la Révolution française, le 12 Mars 1791, les reliques de la Sainte Chapelle, dont la Couronne d'épines, sont transférées dans un souci de sûreté à l'abbaye royale de Saint Denis sur l'ordre de Louis XVI.

 

Le 25 Avril 1794, la relique est remise à la commission temporaire des arts, puis déposée dans la Bibliothèque nationale jusqu'en 1804. A cette date le chanoine d'Astros obtient l'autorisation de prendre la Couronne d'épines et les autres reliques de la Passion provenant de la Sainte Chapelle.

 

Après sa vérification le 6 Août 1806, par le cardinal de Belloy, archevêque de Paris, la relique est transférée le 10 Août à l’archevêché de Notre Dame de Paris où elle est encore conservée actuellement.[22]

 

Culte

 

Saint Paulin de Nole (409-431) fait mention de la Couronne d’épines vénérée à Jérusalem par les pèlerins dans son Eloge des pèlerinages.[23]

Antoine le Martyr, dans son Pèlerinage, écrit en 570, que cette relique était exposée en la basilique de Sion.[24]

 

L'« ostension du Clou de la Couronne de Notre Seigneur à l’abbaye de Saint Denis était déjà » du temps « de l’enfance de Suger, né en 1081, l’occasion de désordres annuels. Elle avait peut-être été instaurée dès le milieu du 11ème siècle. »[25]

 

« La foire du Lendit, qu’on a vu se développer aux portes de Paris, a pour premier prétexte une procession derrière des reliques de la Passion. »[26]

 

En 1191, à Paris, des moines de Saint-Denis font toucher la relique de la Couronne et d’un Clou à Louis fils du roi Philippe II Auguste, gravement malade.[27]

 

A Constantinople, les reliques les plus vénérées avant 1204 étaient notamment la Couronne d'épines, mentionnée onze fois.[28]

 

A Solesmes, on célèbre la fête de la Sainte Épine au 12ème siècle, le Lundi de Pâques.[29]

 

Avant 1208, à Alexandrie, était vénérée une Épine la seconde férie après Pâques et, à partir de 1208, exposée le Vendredi Saint en même temps que la relique de la Croix.[30]

 

En 1208, la cathédrale d’Halberstadt reçoit de son évêque Conrad de Krosigk une Épine de la Couronne. [31]

 

La fête de la susception est fixée au 17 Août par l’évêque.[32]

 

En 1239, Saint Louis porte en procession la Couronne d'épines dans Paris.[33]

 

A Saint-Pierre d’Albigny, un pèlerinage est organisé en l’honneur des reliques des Epines, le dimanche de la Passion et le Jeudi Saint.[34]

 

En 1283, à Lille, se déroulent les jeux de l’Épinette en l’honneur de la relique de l’Épine possédée par les Dominicains de la ville.[35] (Une autre Épine se trouvait à la collégiale Saint-Pierre)

 

En 1285, en l'église Saint-Matthieu de Perpignan, Philippe III le Hardi, fils de Saint Louis dépose quatre Épines de la Couronne, qui sont toujours actuellement vénérées, et gardées par la confrérie des Saintes Épines de l'église.[36]

 

En 1290, à Ascoli, une Épine est apportée par le dominicain Fra Francesco de Sarli, confesseur de Philippe le Bel.[37]

 

La fête de la sainte Épine avait lieu le dimanche dans l'octave de l'Ascension ; après la Messe de la très sainte Couronne d'épines de Notre-Seigneur Jésus-Christ, on portait le reliquaire en procession jusqu’à l’église de Saint-Pierre martyr.

 

Au 13ème siècle, à Poligny, un reliquaire comportant une inscription datée du 13ème siècle, renfermait une sainte Épine qui fut perdue au 17ème siècle. Elle bénéficie d'un office solennel propre le 11 Août.[38]

 

Actuellement la couronne d’Épines conservée à la cathédrale Notre Dame de Paris, est exposée au public le premier vendredi de chaque mois à 15h et le Vendredi Saint du Carême, de 10h à 17h.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] http://www.ebior.org/Encyc/Resurrection/reliques-passion.htm.Lien valide le 29 Avril 2010.

[2] http://www.ebior.org/Encyc/Resurrection/reliques-passion.htm Lien valide le 29 Avril 2010.

[3] Castille D., Le saint Suaire, p. 66.

[4] Lefeuvre P., Courte histoire, p. 135. 

[5] Fleury C., Mémoire, p. 209.

[6] Idem, p. 210.

[7] http://www.ebior.org/Encyc/Resurrection/reliques-passion.htm Lien valide le 29 Avril 2010.

[8] Mély F., Exuviae, p. 37.

[9] Fleury C., Mémoire, p. 203.

[10] Maraval P., Lieux saints, pp. 257-258.

[11] Mély F., Exuviae, p. 100.

[12] Maraval P., Récits, Le pèlerin de Plaisance, pp. 216-220.

[13] http://www.notredamedeparis.fr/Veneration-de-la-Couronne-d-epines Lien valide le 29 Avril 2010.

[14] R. de Brienne D., Dictionnaire, p. 58.

[15] http://www.ordre-du-saint-sepulcre.org/lieutenance/reliques.htm. Lien valide le 29 avril 2010.

[16] Durand J., http://www.ordre-du-saint-sepulcre.org/lieutenance/reliques.htm Lien valide le 29 avril 2010.

[17] Castille D., Le saint Suaire, p. 126.

[18] Hermann-Mascard N., Relique des saints, p. 352.

[19] Idem, p. 351.

[20] Ibidem, p. 351.

[21] Lefeuvre P., Courte histoire, p. 136.

[22] Durand J, http://www.ordre-du-saint-sepulcre.org/lieutenance/reliques.htm

[23] Saint Paulin de Nole, Eloge des pèlerinages in Itinera Hierosolym. t.II, p. 122.

[24] Antoine Martyr, Itinera Hierosolym. t.1, p. 91.

[25] Hermann-Mascard N., Reliques des saints, p. 10.

[26] Idem p. 272.

[27] Snoek G.J.C., Medieval Piety, p. 109.

[28] Majeska G. P.. Article “The relics of Constantinople after 1204 », p.184, dans Byzance.

[29] Mély F., Exuviae, p. 203.

[30] Idem, pp. 359-360.

[31] Ibidem, p. 254.

[32] Ibidem, p. 255.

[33] Snoek G.J.C., Medieval Piety, p. 253.

[34] Mély F., Exuviae, p. 208.

[35] Idem, pp. 263-265.

[36] http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Couronne Lien valide le 29 Avril 2010.

[37] Mély F., Exuviae, pp. 329-334.

[38] Idem, pp. 420-421.

 

 

 

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