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Description

 

La sainte Croix ne peut être décrite dans son intégralité en raison de l’extrême fragmentation dont elle a fait l’objet.

 

La Croix est composée d’une partie verticale ou "stipes", qui était fixée par avance sur le lieu du supplice, le Golgotha en l’occurrence pour le Christ, et de la partie horizontale, le "patibulum", porté par le condamné en route vers le lieu de son supplice. Cette poutre pouvait mesurer jusqu’à 1,50 m et peser entre 35 et 50 kg.[1]

 

Toutefois, d'autres auteurs, surtout ceux qui étudient le saint Suaire ou les reliques vestimentaires du Christ, considèrent qu’Il a porté sa Croix entière et pas seulement le patibulum...

 

D’après Jean Lévêque et René Pugeaut, la crucifixion s’est déroulée, à la romaine, de type "crux humilis" (environ 2 m de haut) et non pas "crux sublimis".[2]

 

Remarque importante sur les croix-reliquaires: 

Une croix-reliquaire ne contenait pas forcément un fragment de la vraie Croix mais des reliques de saints aussi.

Voici plusieurs exemples : la croix-reliquaire pectorale trouvée lors des fouilles du martyrium de Saint-Philippe à Hiérapolis, en Phrygie.[3] Datée du 12ème siècle, conservée au Musée du Louvre, à Paris, anciennement collection M. Marechal, une croix-reliquaire pectorale renfermait d’après inscription les reliques de Saint Georges et de Saint Clément.[4]

Avant 1270, alors en l’abbaye d’Orval, (mais actuellement à Saint-Amand de Montrond dans le Cher) se trouvait dans une croix-reliquaire une Épine de la Couronne provenant de la Sainte-Chapelle.[5]

Brigitte Pitarakis dit que 20% des croix pectorales en bronze sont issues de fouilles archéologiques dans un contexte urbain ou non d’ailleurs, dans tout l'empire byzantin et les régions limitrophes, en contexte domestique, militaire ou funéraire.[6] 

D’après elle, un plus grand nombre de trouvailles est réalisé vers le 11ème siècle. 

Dans les tombes, la croix pectorale se retrouve sur la poitrine, dans la main, ou sous la nuque.[7]

 

 

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Historique

 

De la Passion du Christ à la découverte de la Croix par Sainte Hélène au 4ème siècle

 

Après la Passion du Christ, la tradition nous apprend que la Croix du Christ et celle des larrons, ainsi que certains instruments de son supplice ont été jetés dans une vieille citerne toute proche.

Sur l'ordre de l'empereur romain Hadrien (né en 76, †138), le lieu du Saint-Sépulcre, englobant aussi la citerne, le Golgotha  et le Sépulcre du Christ, est recouvert de terre et un temple de Vénus est construit sur le site vers 135.

Eusèbe de Césarée (vers 265-339) dans sa Vita Constantini, parle de la dévotion que portait la communauté chrétienne de Jérusalem envers le site du Saint-Sépulcre aux premiers siècles.[1] Il mentionne le voyage de Sainte Hélène en 326, en Palestine, mais ne mentionne pas sa découverte. C'est le Patriarche Cyrille de Jérusalem (350-386) auteur des Catéchèses sur la Croix, en 348, qui le premier, va témoigner de l'invention ou en d'autres termes la découverte de la Croix vers 326, par Sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, lors de fouilles menées sur le site; ce dernier était alors recouvert par le temple de Vénus qui sera détruit pour les besoins de la cause. Sainte Hélène a organisé les fouilles et découvert la Croix du Christ ainsi que celle des larrons dans la citerne.

 

Plusieurs versions existent au sujet de la découverte de la relique de la Croix par Sainte Hélène: afin de déterminer quelle était la Croix du Christ, parmi les trois Croix trouvées dans la citerne, une personne malade selon certaines sources, ou une mourante selon d'autres, fut placée successivement sur les deux premières Croix, sans réaction. Mais au contact de la troisième, elle fut guérie.

 

Saint Ambroise (340-397) dans le Panégyrique de Théodose, Rufin d'Aquilée (vers 340-410), Saint Jérôme dans sa Chronique en 380, Saint Paulin, évêque de Nole en 409 et l'historien Sozomène (375-vers 450) font allusion à la découverte de la Croix par Sainte Hélène.[2]

 

Saint Jean Damascène (676-749 environ), dans son traité Contre les calomniateurs d’images,[3] mentionne la relique du bois de la Croix.

Le 13 Septembre 335, le martyrium ou église du Golgotha, construite en l'honneur de la relique est dédicacée.[4] « La relique de la sainte Croix est conservée dans le Martyrium (du grec μαρτύριον) »: « Les Latins emploient aussi le terme de "memoria".

Le martyrium n’englobe ni le Golgotha ni le tombeau du Christ mais est devenu le réceptacle de la Croix. Cet édifice a été construit sur ordre de l’empereur et a bénéficié de moyens très importants…»[5]

La relique de la Croix, était gardée par le staurophylax, dans une pièce appelée "cubiculum". 

 

 

La relique de la Croix après sa découverte par Sainte Hélène...

 

La relique de la Croix, dès le début, a été morcelée et diffusée dans le monde. On trouve plusieurs versions rapportant le partage de la vraie Croix par Sainte Hélène à partir de 400, à Jérusalem et Constantinople.[6]

 

Vouloir établir ici un historique de chaque fragment est évidemment impossible. Toutefois, la référence aux articles de Frolow, pour la grande majorité des reliques de la Croix, ou aux rubriques de l'ouvrage de Brigitte Pitarakis, permettra d'assouvir la soif des esprits les plus curieux.

 

 

Trois centres majeurs de conservation et surtout de diffusion des reliques de la Croix

 

  • Jérusalem

On peut au moins dire que dès le début, un grand fragment de la Croix était conservé à Jérusalem, dans le martyrium ou église du Golgotha, qui fut dédicacée le 13 Septembre 335.[7] On y conservait une relique de la Croix sous la garde du staurophylax.

En 614, la ville de Jérusalem est prise par les Perses, les chrétiens cachent la relique de la Croix mais sont contraints par les vainqueurs de la leur remettre. En effet, les Perses la considéraient comme une monnaie d'échange, qui pourrait leur servir un jour ou l'autre…Et ce jour arrivera tôt: en 630, Khusrō II est défait, et rend alors la précieuse relique au Saint-Sépulcre de Jérusalem.

 

  • Constantinople

A Constantinople, les translations de reliques de la Croix originaires de Jérusalem, débutent sous l'empereur Constance II (337-361). Elles se poursuivent, notamment de façon marquée sous le règne de Justinien Ier. (525-565)

« L’église du Phare est associée à l’exposition solennelle des deux reliques de la Passion qui se trouvent à Constantinople depuis le milieu du 7ème siècle, la Sainte Lance et la sainte Croix. Mais la sainte Croix était conservée dans le skeuophylakion du Palais. »[8]

 

  • Rome

Siège de la papauté, la Ville éternelle, est un véritable reliquaire à grande échelle. Elle est riche non seulement des reliques des saints martyrs, mais encore de nombreuses reliques dominicales dont de nombreuses reliques de la Croix.

 

 

Le rayonnement géographique de la relique de la Croix suivant les périodes

 

Les pays où sont répandues les reliques de la Croix sont nombreux: ils jouent surtout un rôle de réceptacle, mais n'en sont pas moins dynamiques pour la diffusion et les échanges de ces dernières. On peut citer les noms de ces terres proches ou lointaines que la relique de la Croix a atteints, par période chronologique, en étant conscient que la liste peut être amenée à être modifiée ou complétée; les villes ou autres petits lieux-dits n'y figurent pas pour des raisons de clarté; on remarquera que les trois centres de diffusion ci-dessus mentionnés sont constamment présents.

 

Voici donc la liste de pays par siècles où la relique de la Croix est diffusée au Moyen Age:

 

-du 4ème au 6ème siècle :

La France (à Vienne, Tours, Poitiers, Tournai, Orléans), Jérusalem, l'Italie bien sûr (à Rome mais aussi en Campanie), l’Algérie, l'Egypte (à Alexandrie), la Croatie (à Pola), la Géorgie, la Turquie (à Constantinople, Antioche), la Syrie (à Apamée), la Crète (à Candie).

 

-entre la 7ème et le 9ème siècle :

La France, Jérusalem, l'Italie (à Rome), la Mésopotamie, la Turquie (à Constantinople, Edesse, Ephèse) l'Arménie, l'Egypte (à Alexandrie), l'Espagne, l'Allemagne, la Sicile, l'Angleterre, la Suisse, la Géorgie.

 

-entre le 10ème et le 11ème siècle :

La France, Jérusalem, l'Italie (à Rome, au Mont Cassin), la Suisse, la Turquie (à Constantinople), l'Allemagne (à Ratisbonne), la Grèce (au Mont Athos, à l'île de Patmos), les Pays Bas, l'Arménie, la Russie (à Moscou), la Pologne, la Belgique, la Hongrie, l'Autriche, l'Angleterre, l'ancienne Dalmatie, l'Espagne, la Bulgarie, la Géorgie, la Suède, la Sicile, l'ancienne Tchécoslovaquie.

 

-au 12ème siècle :

La France, Jérusalem, l'Italie (Rome), l'Allemagne, l'Angleterre, l'Espagne (Galice notamment), la Suisse, la Turquie (Antioche, Byzance, Šipka), l'Autriche, le Tyrol, la Grèce (mont Athos), la Belgique, la Mingrélie (? ville de Géorgie? (375), la Hongrie, la Russie, Malte.

 

-au 13ème siècle :

La France, Jérusalem, l'Italie (Rome, Venise), la Turquie (Byzance), l'Allemagne, la Grèce, (Patmos, Mont Athos, Lavra,) la Hongrie, la Russie (Novgorod), Chypre, la Belgique, l'Angleterre, la Serbie, l'Espagne, la Crète, les Pays Bas, la Suisse (Argovie), l’ancienne Tchécoslovaquie, le Luxembourg, le Tyrol, la Hongrie, la Dalmatie, la Flandre, la Géorgie. (Svanétie)

 

 

 

 

 

 

 

 


 

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-S%C3%A9pulcre Lien valide le 29 Avril 2010.

 

[2] Mély F., Exuviae, p. 165.

 

[3] Saint Jean Damascène, Contre les calomniateurs d’images, Orat., III, 34.

 

[4] Maraval P., Lieux saints, p. 253.  

 

[5] Maraval P., Lieux saints, p. 220.

 

[6] Frolow A., 13.

 

[7] Maraval P., Lieux saints, p. 253.

 

[8] Magdalino P., article « L'église du Phare et les reliques de la Passion à Constantinople (VIIe/VIIIe, XIIIe s) » p. 19, in Byzance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

[1] Castille D., Le saint Suaire, p. 120. 

 

[2] Lévêque J., Pugeaut R., Saint Suaire, p. 86.

 

[3] Pitarakis B., Les croix-reliquaires, fig.76, p. 115.

 

[4] Idem, n°187, p. 241.

 

[5] Mély F., Exuviae, pp. 318-320.

 

[6] Pitarakis B., Les croix-reliquaires, p. 139 et suivantes.

 

[7] Idem, n°541.

La relique de la Croix (1)

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Relique de la vraie Croix dans son reliquaire, musée du Louvre

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