LES RELIQUES
DE
LA PASSION DU CHRIST
La Table de la Cène
La Table de la Cène est conservée dans la Basilique Saint Jean de Latran à Rome (Photo H.F.)
Description
La Table de la Cène est conservée à Rome en la basilique Saint Jean de Latran.
Voici la description qu'en fait en 1862 le chanoine Montault dans l'Année liturgique, à Rome et que cite Rohault de Fleury dans son ouvrage:[1]
« Elle est en bois de cèdre en deux panneaux dont chacun a 0,60m de large sur 1,20m de longueur. Il paraît qu'elle était autrefois entièrement revêtue en argent. »
Localisation Pour accéder aux cartes géographiques, cliquez ici
1-en 852, l’abbaye de Prüm, en Allemagne, se voit offrir une relique de la Table de la Cène par l’empereur Lothaire Ier. (Frolow A., 97)
2-au 9ème siècle, à Jérusalem, d’après le témoignage du patriarche Nicéphore de Constantinople, la relique de la Table de la Cène est conservée dans l’église Notre-Dame de Sion. R. de Brienne D., Dictionnaire, p. 96.
3-au 9ème siècle, l’abbaye Saint-Riquier reçoit de Charlemagne, une relique de la Table de la Cène. Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 201.
4-au 9ème siècle, l’abbaye de Jouarre reçoit de l’abbesse Hermentrude, une relique de la Table de la Cène. Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 200.
5-10-11ème siècle, l’abbaye de Nonantula, possède une croix-reliquaire pourvue de l’inscription mensa Domini, la Table du Seigneur. (Frolow A., 173)
6-10-11ème siècle, dans l’abbaye Saint-Gall, en Suisse, l’autel Saint Othmar et l’autel Saint Alexandre sont consacrés sur une relique de la Table de la Cène. (Frolow A., 174)
7-vers 1050-1073, à Exeter, en Angleterre, au monastère de la Vierge et de Saint Pierre, un inventaire mentionne la relique de la Table de la Cène, reçue du roi Althestan (895-914). (Frolow A., 220)
8-vers 1141-1170, à Saint Paul de Kärnten, dans la Forêt Noire, une croix latine contient notamment une relique de la Table de la Cène. (Frolow A., 331)
9-en 1147, à Saint Paulin de Trèves, l’autel de la Vierge et de tous les Saints est consacré sur la relique de la Table de la Cène notamment, par le Pape Eugène III. (Frolow A., 335)
10-au 12ème siècle, à Jérusalem, d’après Guillaume de Tyr, la relique de la table de la Cène est conservée. R. de Brienne D., Dictionnaire, p. 96.
11-avant le 13ème siècle, au monastère du Mont Saint Michel, une relique de la Table de la Cène est conservée dans la croix surmontant la tour de l’église. Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 186.
12-le 24 Juin 1205, dans l’abbaye de Pairis, l’abbé Martin Lintz apporte des reliques (provenant du monastère Pantocrator de Constantinople et de Terre Sainte) sur l’autel majeur de l’église, dont celle de la Table de la Cène. (Frolow A., 457)
13-le 30 Septembre 1241, à Paris, Saint Louis reçoit des reliques de la Passion. Le bréviaire parisien fixant la fête de la réception des reliques le 30 Septembre, nomme la relique de la Table de la Cène. (Frolow A., 530)
14-en 1226, l’abbaye de Grandmont, non loin de Limoges, (conservation actuellement dans l’église de Château-Ponsac,) reçoit une relique de tabula in qua fuit corpus Domini. Mély F., Exuviae, p. 389.
15-en 1230, en la basilique Saint-Antoine de Vienne, une relique de la Table de la Cène est conservée. Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 184.
16-avant 1255, dans la cathédrale Saint-Maurice d’Angers, est conservée une relique de la Cène, Pain ou Table...Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 186.
17-dès 1255 ? A Douai, dans la collégiale Saint-Amé, est conservée une relique de la Table de la Cène. Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 189.
18-avant 1270, en l’abbaye de Flines, se trouve une relique de mensa. Mély F., Exuviae, p. 316.
19-au 13ème siècle, anciennement possession de l’abbaye d’Oisy, faisant désormais partie d’une collection privée, une Croix contient la relique de la Table de la Cène. (Frolow A., 646)
20-D’après un manuscrit du 13ème siècle, (n°74, ff°s 145-147, bibliothèque nationale de Paris) « la Table du Cénacle, le Tableau et les autres meubles sont à Constantinople. » Mély F., Exuviae, p. 55.
21-au 13ème siècle, dans l’abbaye d’Eu, un fragment de la table de la Cène est conservé. Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 199.
Rohault de Fleury fait encore mention, mais sans donner de dates de reliques de la Table de la Cène à Sainte Marie in Transtevere, aux Saints-Apôtres, à Sainte-Marie-in-Campitelli, à Agnani.[2]
En la collégiale Notre-Dame de Lens, une relique de la Table de la Cène était conservée au Moyen Age, mais on ne peut donner de précision supplémentaire.[3]
L’église de Longpré-les-corps-saints, conservait au Moyen Age, à une époque imprécise une relique de la Table de la Cène.[4]
Remarque : Dans une des notices de localisation[5], Frolow réfère l’inscription "mensa Domini" à la Table du Seigneur.
Or, lors de mon voyage en Terre Sainte, j’ai visité l’église de Mensa Domini sur les bords du Lac de Tibériade, construite sur les lieux du miracle de la multiplication des pains et abritant le rocher « mensa Christi », sur lequel le Christ a procédé à la multiplication des pains.
L’église de Tabgha, non loin de cette dernière, datant du 5ème siècle, entièrement détruite puis reconstruite actuellement exactement selon le modèle de la plus ancienne, conserve un fragment de cette « mensa Christi ». Faudrait-il rapprocher "mensa Domini" de "mensa Christi" ? Voici un témoignage du Moyen Age concernant ce fait: « Entre Tabarie et Belinas a j liu f c'on apiele la Table et est près de la mer. Et en cel liu fu che Nostre Sires repeüt v. mile homes de .v. pains d'orge et de ii poissons »[6] Entre Tabarie et Belinas est un lieu que l'on appelle la Table, lequel est situé près de la mer. A cet endroit Notre Seigneur rassasia cinq mille hommes avec cinq pains d'orge et deux poissons.
Historique
D'après le témoignage du Patriarche Nicéphore de Constantinople (†829), et de Guillaume de Tyr (†1184), archevêque de cette ville et historien des croisades, dans l'église Notre Dame de Sion, se trouvait la Table de la Cène.[7] Au Moyen Age, mais à une date indéterminée, la Table de la Cène a été transportée à Constantinople, si l’on en croit un manuscrit arménien du 13ème siècle[8] dont Mély nous rapporte une traduction « La Table du cénacle, le Tableau et les autres meubles sont à Constantinople... »[9]
Puis, toujours à une date indéterminée, au Moyen Age la relique a été déposée à Rome, en la basilique Saint Jean de Latran.
Culte
Aucun culte spécial à ma connaissance n’a été porté envers la Table de la Cène de façon directe, mais plutôt de façon indirecte: en effet, le baiser de l'autel a gardé dans la liturgie la signification d'une salutation à l'encontre de la Table de la Cène: « The kiss given to the altar has retained in the liturgy the significance of a greeting given to the mensa Domini, the Lord’s Table… »[10]
[1] Fleury C., Mémoire, p. 280.
[2] Fleury C., Mémoire, p. 280.
[3] Dor P., Reliquaires de la Passion, p. 192.
[4] Idem, p. 201.
[5] Frolow A., 173.
[6] Itinéraires de Jérusalem et descriptions de la Terre Sainte, p.80. (Ernoul, Fragments relatifs à la Galilée, v.1231.)
[7] Cabrol F., Leclerq H., Dictionnaire, article, « reliques », 2311.
[8] Manuscrit ancien n°74, folios 145-147, Bibliothèque nationale de Paris.
[9] Mély F., Exuviae, p. 55.
[10] Snoek G.J.C., Medieval Piety, p. 23.