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Le Sacro Catino

 

 

Description

 

C’est « le vase dans lequel eut lieu la Pâques Â» aux dires de Rohault de Fleury.[1] Plus tard, Daniele Calcagno dit de même dans son article que le sacro Catino est considéré comme le plat qui a servi au Christ lors de la dernière Cène pour manger l’agneau pascal.

Le sacro Catino est un plat en verre, incurvé, en forme d'hexagone régulier.

Anna Rosa Calderoni Masetti nous apprend qu’au Moyen Age et jusqu'au 19ème siècle, on pensait que l'objet était en émeraude pur.[2]

 

Les mesures

 

Le sacro Catino mesure 9 cm de hauteur externe. La grande base hexagonale a un diamètre de 40 cm, et chaque côté de l'hexagone mesure 20,2 cm. La petite base  mesure 9 cm.

 

Études

 

En 1726, Gaetan de Sainte Thérèse écrit un ouvrage de référence sur le sacro Catino. C'est le premier auteur à fournir les mesures précises de la relique.[3]

Malheureusement l'allusion du cardinal Louis d'Aragon, en 1518, à une éventuelle copie du sacro Catino[4] pourrait bien trouver confirmation par la comparaison des études de la relique: Gaetan de Sainte Thérèse repris par Carlo Giuseppe Ratti au 18ème siècle, dans son Instruzione di quanto può vedersi di più bello in Genova, a donné une mesure de 16,5cm pour la hauteur du sacro Catino, alors que celui qui est actuellement conservé au Musée Saint Laurent de Gênes ne mesure que 9 cm de hauteur...[5]

Quant aux études des dimensions effectuées par l’historien Charles de Brosses (1709-1777) et Charles Marie de la Condamine (1701-1774), elles diffèrent elles aussi...

 

En résumé

 

Pour le diamètre de la grande base: Gaetan de Sainte Thérèse et Charles Joseph Ratti donnent une mesure de 40, 2605 cm, alors que Charles de Brosses trouve 43,312 cm et Charles Marie de la Condamine 46,019cm...le sacro Catino actuellement au Musée de Gênes mesure 40 cm.

Pour la hauteur extérieure de l'objet: Gaetan de Sainte Thérèse repris par Carlo Giuseppe Ratti trouve 16,5168 cm, alors que le sacro Catino du Musée de Gênes mesure 9 cm.

Au début du 19ème siècle, « le directeur du cabinet des antiques à Paris, Gosselin, demanda qu’une commission de l’institut fut chargée d’examiner le Sacro Catino de Gênes; il en résulta un rapport qui décida que la matière du catino n’était que du verre coloré. En 1816 il retourna à Gênes; il se trouva brisé à son arrivée. Â»[6] Daniel Calcagno, précise dans son article que l'objet se brisa en onze fragments, dont un manquant, à son arrivée à Gênes.[7] En 1807, un antiquaire milanais, Louis Bossi réalisa une étude comparative du sacro Catino avec d'autres objets manufacturés en verre, égyptiens, grecs et romains et conclut à l'authenticité de la relique.

 

Restaurations

 

Le sacro Catino a fait l'objet de deux restaurations, la première en 1908, et la seconde en 1951.[8]

C'est ainsi qu'actuellement, l'objet est reconstitué dans sa forme originelle, grâce Ã  un mastic spécial en cellulose vitrifiante. De plus, il a été renforcé grâce à une bordure en argent doré.[9]

 

 

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-En 1101 le sacro Catino est à Césarée, c’est là qu’il fut pris par les Croisés la même année.

Le sacro Catino est actuellement conservé à Gênes au Musée du trésor de la cathédrale Saint Laurent. Fleury C., Mémoire, p. 276.

-Après 1101, le sacro Catino est déposé en l'église Saint-Laurent de Gênes.

-Le 20 Novembre 1806, l'objet est emporté à Paris, près du Cabinet des Antiques, sur l'ordre de Napoléon. Calcagno D., « Il sacro Catino, Â» p. 59.

-Le 14 Juin 1816 le sacro Catino est restitué à la ville de Gênes. Calcagno D., « Il sacro Catino, Â» p. 68.

 

Calvin dans son Traité des reliques,[10]dit sans donner de précision supplémentaire que la relique du plat qui a servi au Christ à célébrer l'agneau pascal était conservée à Gênes, Rome et Arles.

 

 

Historique

 

Le sacro Catino est mentionné pour la première fois vers la moitié du 12ème siècle, dans l’Historia rerum in partibus transmarinis gestarum, de Guglielmo, archevêque de Tyr (1130 environ-1186). D’après son témoignage, les Croisés ont trouvé dans le temple que le roi Hérode fit construire en l’honneur d’Auguste, un vase de couleur verte que les Génois ont acquis par la suite à un prix d’or, pensant qu’il s’agissait d’émeraude...[11] C'est en 1101 que lors de la prise de Césarée, le sacro Catino tomba entre les mains des Génois qui l’apportèrent à Gênes, en l’église Saint Laurent.[12]

 

Un autre témoignage, celui de Caffaro di Rustico da Caschifellone, (1080 environ-1164 environ) un chevalier et aristocrate faisant partie de l’élite du gouvernement (génois?) narre dans les Annales, l’expédition des Génois sous le commandement de Guglielmo Embriaco, mais il ne fait pas mention du sacro Catino. L'archevêque de Tolède, Rodrigue Jiménez de Rada, (1170-1247) dans son Historia de rebus Hispanie sive Historia gotica, rapporte qu'en 1147, les Génois renoncèrent au butin de la ville en échange d'un seul et unique vase d'émeraude.

 

L'évêque de Gênes, Jacques de Voragine (1228 environ-1298) retrace l'historique du sacro Catino, d'après les précédentes sources, dans sa Chronica civitatis Januensis, tout en gardant une distance critique vis-à-vis de l'objet. Il ajoute néanmoins -en citant un certain Libris Anglorum, source malheureusement impossible à identifier- que Nicodème aurait recueilli le sang du Christ sur la Croix dans un vase d'émeraude...[13] Selon l'auteur, il se réfère peut-être à la Chronique d'Elinand de Froidmont, moine cistercien, narrant la vision d'un moine de Joseph d'Arimathie, recueillant dans le plat qui a servi à la Cène, appelé aussi graal, le sang du Christ.

 

En Août 1287, Rabban Sàumâ, l'envoyé du roi de Perse Argoun auprès d'Honorius IV séjourne à Gênes et témoigne de l'existence du sacro Catino: Â« un vase hexagonal en émeraude Â», « celui dans lequel Notre-Seigneur avait mangé la Pâque avec ses disciples, qui fut apporté de Jérusalem, lors de la prise de cette ville. »[14]

 

Entre 1403 et 1407 Jean le Maingre, gouverneur français de Gênes, sieur de Boucicault, avec le conseil des anciens, décide que chaque année soient choisis quatre citoyens pour garder le sacro Catino: ils devaient posséder des biens dans la cité ou la région. On confiait à chacun une clé du sanctuaire abritant le sacro Catino. En outre une cinquième clé était remise au gouverneur de la ville. Et si l'un de ces gardiens des clés, pour une raison ou une autre devait se rendre hors de Gênes, il fallait élire un autre gardien pour conserver la clé à sa place.[15] En 1447, on décide que la peine de mort soit appliquée à celui qui oserait s'approcher ou toucher le sacro Catino.[16] Le 5 Août 1461, il fallut forcer l'une des serrures du reliquaire, lorsque l'on voulut montrer le sacro Catino aux invités du duc de Milan, Matthieu Visconti.[17]

 

Le 24 Mai 1476, un décret de Paolo Campofregoso, cardinal archevêque et gouverneur de Gênes pour le compte du duc de Milan, décidé de commun accord avec le conseil des anciens, interdit de confier les clés du sanctuaire à quiconque, hormis les gardiens des clés et interdit l'accès à la chaire ou la tribune parée pour l'ostension à l'exception des religieux officiants ou des gardiens des clés. Il est interdit de toucher à la relique avec des objets en métal ou des pierres précieuses, le contrevenant s'exposant à une amende de cent à mille ducats, dont une moitié devait être versée à l'hôpital de Pammatone, et l'autre moitié à la chapelle Saint Jean Baptiste, ou encore selon les cas, à un châtiment corporel pouvant aller jusqu'à la peine capitale.[18]

 

Le 28 Septembre 1496, la relique est montrée à l'empereur Maximilien et Marino Sanudo le Jeune.[19] Le 26 Juin 1507, Ferdinand V et Isabelle d'Espagne voient le sacro Catino.

 

Le 23 Décembre 1507, un nouveau décret décidé par le conseil des anciens et le gouverneur de Gênes, rappelle l'interdiction faite aux gardiens des clés, de confier celles-ci à toute autre personne, même pour les ostensions. Il est interdit aussi de confier la clé à quelqu'un d'autre, histoire de se soustraire à l'office de l'ouverture du sanctuaire, sous peine d'une amende de cent ducats à verser pour moitié à l'office de la santé et pour moitié aux pères de la commune. Enfin les gardiens des clés sont contraints de présenter en tant que garantie une somme de mille ducats lors de la remise de la clé.[20]

 

Le 18 Août 1509, un nouveau décret décide que les gardiens des clés, les clavigeri, ne doivent confier les clés à personne, hormis leur fils, leur frère ou leur neveu, ou toute autre personne leur étant liée par le sang, sous peine de devoir verser cent ducats aux Pères de la Commune. Ils doivent en outre, être très vigilants lors des ostensions afin d'éviter que certains fidèles n'approchent de trop près le sacro Catino et en viennent à toucher l’objet quod solis regibus vel magnis principibus concedi solitum est,[21] faveur que l’on ne concède seulement qu’aux rois ou aux grands princes. Enfin, toujours selon ce nouveau décret, deux petites clés du reliquaire doivent être confiées aux deux plus anciens sénateurs, lesquels ont pour consigne d'être présents aux cérémonies sinon une amende de vingt-cinq florins d'or doit être versée par eux à l'Office des monnaies. Toujours dans un souci de sécurité, le 20 Juin 1513, le doge Ottaviano Campofregoso et le conseil des anciens décident d'obliger les personnes qui d’après une coutume bien établie à Gênes, mettaient en dépôt dans la sacristie de Saint Laurent leurs objets précieux, d'en déclarer la valeur dans un délai de trois jours aux chanoines du chapitre.[22]Au 16ème siècle, pas moins de douze clés sont nécessaires pour ouvrir le reliquaire renfermant le sacro Catino, et ce dans un souci de protection: la seigneurie de Venise avait offert une forte récompense à quiconque lui apporterait cette relique...[23]

 

En 1518, le cardinal Louis d'Aragon est le premier à faire allusion à une copie du sacro Catino…[24]

 

Le 7 Janvier 1521, un nouveau décret décidé par Ottaviano Campofregoso, gouverneur de Gênes pour le compte du roi de France, et le conseil des anciens interdit de procéder à l'ostension de la relique après le coucher du soleil, non seulement pour le bien-être des gardiens des clés, mais encore parce que l'éclat de la relique est moindre la nuit.[25]

 

Le 30 Mai 1522, lors du sac de la ville par les espagnols, la sacristie de Saint Laurent abritant la relique est épargnée, moyennant la coquette somme de dix mille ducats versée par les Pères de la Commune.[26]

 

En 1523, on montre la relique au Pape Adrien VI, en 1589 à la grande duchesse de Toscane, Christine de Lorraine, le 13 Février 1599, à Marguerite d'Autriche.[27]

 

Le 20 Novembre 1806, le sacro Catino est emporté à Paris, près du Cabinet des Antiques, sur l'ordre de Napoléon.[28]Le 14 Juin 1816 il est restitué à la ville de Gênes.[29] Il demeure encore dans cette ville actuellement.

 

 

Culte

 

« Il n’était offert aux regards de la foule qu’une fois par an, lors des fêtes les plus solennelles, encore ne le voyait-on que de loin; un prélat le montrait du haut d’une tribune en le tenant dans ses mains par un cordon; et il était lui-même surveillé par des chevaliers chargés de veiller spécialement à la conservation de cette gemme. Â»

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

[1] Fleury C., Mémoire, p. 27.

 

[2] Wolf G., Mandylion, p. 42.

 

[3] Calcagno D., « Il sacro Catino, Â» p. 55.

 

[4] Idem, p. 54.

 

[5] Ibidem, p. 58.

 

[6] Fleury C., Mémoire, p. 276.

 

[7] Calcagno D, « Il sacro Catino, Â» p. 56.

 

[8] http://www.fisicamente.net/index-1105.htm Lien valide le 28 Août 2010.

 

[9] Calcagno D., « Il Sacro Catino, Â» p. 56.

 

[10] Calvin J., Traité, p. 269.

 

[11] Calcagno D., « Il sacro Catino, Â»  p. 44.

 

[12] Fleury C., Mémoire, p. 276.

 

[13] Calcagno D., « Il sacro Catino, Â» p. 46.

 

[14] Idem, appendice 1, p. 75.

 

[15] Idem, p. 50.

 

[16] Ibidem, p. 51.

 

[17] Ibidem, p. 51.

 

[18] Calcagno D., « Il sacro Catino, Â» p. 52.

 

[19] Idem, p. 53.

 

[20] Ibidem, p. 53.

 

[21] Ibidem, p. 53.

 

[22] Ibidem, pp. 53-54.

 

[23] Ibidem, p. 54.

 

[24] Ibidem, p. 54.

 

[25] Ibidem, p. 55.

 

[26] Ibidem, p. 55.

 

[27] Calcagno D., « Il sacro Catino, Â» p. 55.

 

[28] Idem, p. 59.

 

[29] Ibidem, p. 68.

 

 

 

 

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