LES RELIQUES
DE
LA PASSION DU CHRIST
Le Titulus
Saint Matthieu, chapitre 27, 37
« Au-dessus de sa tête, on avait pendu un écriteau portant le motif de son supplice: « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »
Saint Marc, chapitre 15, 26
« L'inscription motivant sa condamnation portait: Le roi des Juifs. »
Saint Luc, chapitre 23, 38
« Au-dessus de sa tête pendait cette inscription: Celui-ci est le roi des Juifs. »
Saint Jean, chapitre 19, 19-20
« Pilate avait fait faire un écriteau qu'on fixa au-dessus de la Croix; il y avait écrit: « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. »
Description du Titulus conservé à Rome
C’est une petite planche de bois. La partie supérieure et la partie droite sont très abîmées. La partie inférieure et la partie gauche sont lisses.
Les mesures
Voici les mesures de la relique:
Longueur: 26 cm au centre, partie inférieure 25,5 cm; partie supérieure: 23,7 cm.
Hauteur: 14,3 cm sur les côtés, 14,5 cm au centre.
Épaisseur de la partie supérieure 4 cm, de la partie inférieure, 4,7 cm.
Elle pèse 687 g.
L'inscription
La planche comportait une inscription de trois lignes. Actuellement:
-sur la première ligne il reste les jambages de quelques lettres hébraïques.
-sur la deuxième ligne, on peut voir les lettres grecques Z, A, P, E, N, Y, C ; elles sont précédées de deux lettres N, A, » écrites de droite à gauche. « L’ensemble formerait ainsi le mot NAZAPENYC, très voisin de NAZAPHNOC (« le Nazaréen »). Les remplacements du H par le E et du O par un Y sont peut-être des fautes d’orthographe. »[1]
-sur la troisième ligne on peut lire: NAZARINUS ou NAZARENUS, écrit de droite à gauche avec les lettres renversées.
La relique est conservée par les moines cisterciens gardiens de la Basilique.
Selon Rigato, la relique est entière même si d'autres ont formulé l'hypothèse d'une fragmentation en raison de lettres manquantes, ou encore de témoignages historiques.[2]
Traitement de l'objet
Le reliquaire est ouvert en 1993 pour traiter la relique en raison d’une crainte de moisissure. L’objet est désinfecté dans une solution de bromure de méthyle pendant 24 heures.[3]
Études de la relique du Titulus de Rome
« Selon Emile Puech, directeur au CNRS, toutes les étrangetés que l’on relève sur cette relique ne plaident guère en faveur de son authenticité. Pourtant la ressemblance de la calligraphie avec celle des inscriptions du Suaire de Turin est frappante, même si on n’a pas fait usage strictement des mêmes lettres. (Par exemple un C à la place d’un Σ à la fin de ΝΑΖΑΡΗΝΟΣ. La hauteur des lettres est d’environ 3 cm, comme sur le linceul; l’épaisseur est comparable. Il n’est pas exclu que les inscriptions du titulus et du linceul datent de la même période antique. »[4]
En 2002, l'Université d'Arizona a procédé à l'analyse de la relique au carbone 14: elle a été datée entre 980 et 1146 après Jésus-Christ.[5]
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Historique du Titulus de la basilique Sainte-Croix de Jérusalem à Rome
« La légende veut que le Titulus conservé à Rome ait été découvert par Sainte Hélène lors de son voyage en Palestine vers l’an 326. Elle l’aurait ensuite apporté à Rome.
A la fin du 4ème siècle, l’empereur Valentinien aurait caché la relique pour qu’elle échappe aux invasions: elle aurait ainsi été dissimulée dans une niche creusée dans le mur de l’église Sainte-Croix, où elle serait restée pendant 11 siècles. »[6]
D'après Jean-Maurice Clerq, la relique a été cachée lors de l'invasion des Goths au 5ème siècle.[7]
En 1143, le Titulus est scellé à Rome, dans la basilique Sainte-Croix de Jérusalem.
Un mémorial datant de 1492 retrace sa découverte, à l’église Sainte-Croix-de-Jérusalem. Cette année-là, la relique est découverte dans une boîte de plomb, surmontée d’une plaquette de terre cuite pourvue de cette inscription: "Hic est titulus verae crucis". Actuellement, le Titulus est toujours conservé à Rome, dans la basilique Sainte-Croix de Jérusalem.
Historique du Titulus de Jérusalem
Saint Jérôme dans sa Chronique en 380, parle de la Croix, du Titulus découverts par Sainte Hélène.[8]
A la fin du 4ème siècle, Rufin, dans son Histoire ecclésiastique [9] en fait aussi mention.
Dans les voyages d'Egéria ou Etheria,[10] le Titulus est mentionné à Jérusalem: "Ponitur in mensa tam lignum crucis quam titulus". Il est déposé sur la table, en même temps que le bois de la Croix.
Au 6ème siècle, le pèlerin Antoine de Plaisance décrit le Titulus de Jérusalem pourvu de l'inscription "Hic est rex Iudeaorum" alors que celui de Rome comporte celle-ci: "Iesus Nazarenus Rex Iudeaorum".[11]
Il semblerait ensuite qu'entre le 7ème et la fin du 10ème siècle, nous n'ayons pas de mention de la relique par aucune source que ce soit et qu'il faille trouver la relique à Constantinople.
C'est seulement dans une lettre datée de 958, que l’empereur Constantin VII Porphyrogénète parle à ses armées de l’arrivée d’une eau sanctifiée au contact des reliques de la Passion, dont « l’inscription précieuse. » [12] Ce qui est certain c'est qu'au 13ème siècle Baudouin II envoie entre autres reliques, celle du Titulus à Saint Louis.
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En bref, le Titulus conservé à Jérusalem entre le 4ème et le 6ème siècle, aurait été transporté par la suite à Constantinople, peut-être lors de l'invasion perse en 614 à Jérusalem, en tout cas avant la deuxième moitié du 10ème siècle[13]. Il aurait été conservé à Constantinople jusqu'au 13ème siècle car Baudouin envoya à Saint Louis le Titulus en plus des autres reliques de la Passion...
Culte
La relique du Titulus est exposée à Jérusalem au 4ème siècle en association avec la relique de la Croix:
Les voyages d'Egéria ou Aetheria (381-384) font mention de la vénération du Titulus à Jérusalem: [14]
"Et affertur loculus argenteus deauratus, in quo est lignum sanctum Crucis, aperitur et profertur, ponitur in mensa tam lignum crucis quam titulus "...
Et on apporte un petit coffret d'or et d'argent, dans lequel est conservé le saint bois de la Croix, on l'ouvre, on l'expose, on pose sur la Table autant le bois de la Croix que le Titulus.
[2] Rigato M.L., Il « Titulus », p.341.
[3] Idem, pp. 337-342.
[4] Marion A., Jésus, p. 118.
[5] http://en.wikipedia.org/wiki/Titulus_Crucis et l'article attaché que l'on peut télécharger: « c 14 Dating of the Titulus Crucis, pp.685-689, in Radiocarbon, vol.44, Nr 3, 2002, Arizona Board of Regents on behalf of the University of Arizona. Lien valide le 29 Avril 2010.
[6] Marion A., Jésus, p. 116.
[7] Clerq J.M., Les grandes reliques, p. 19.
[8] Mély F., Exuviae, p. 165.
[9] Rufin, Histoire ecclésiastique, Livre I, chapitre 7.
[10] Itineriarum Egeriae, chapitre 37, 1.
[11] CCSL, vol.175, 130.
[12] Marion A., Lucotte G., Le linceul, pp. 40-41.
[13] Lettre de l'empereur Constantin VII Porphyrogénète en 958.
[14] Itineriarum Egeriae, chapitre 37, 1.