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  • La classification des objets

 

Pour les reliques de la Passion, la base de données permet sept classements à savoir chronologique, géographique, catégoriel, utilitaire/pratique, thématique, événementiel et religieux. Nous verrons bientôt plus en détail le classement des reliques de la Passion selon leur catégorie.

 

  • La datation éventuelle des objets

 

Une remarque très importante, concernant précisément la datation au C14: les limites de cette méthode de datation sont bien réelles, on a pu le constater avec le Suaire de Turin. De nombreuses études effectuées sur cet objet ont mis en évidence un manque de fiabilité de cette méthode lorsqu’il s’agit de datations de tissus archéologiques. La présence de pollution dans le tissu fausse la date, tout comme un choc thermique subi par l’objet (incendie par exemple). « Plusieurs sources d’erreurs physico-chimiques peuvent fausser la date, tout comme l’incertitude sur les conditions de découverte et l’origine de l’échantillon Â» [1] affirme Demoule. La prudence doit être de mise: « L’interprétation d’une datation C14 doit résulter d’une collaboration entre physique et archéologie, chacune ayant ses raisons de relativiser ses propres résultats et de questionner ceux de l’autre. Â»Â² La pluridisciplinarité est plus que jamais utile et même nécessaire lors de la réalisation de la datation au C14: par exemple pour le saint Suaire de Turin, des études physiques, médicales, palynologiques penchent plutôt pour une date plus antique (1er siècle), alors que la datation au C14, d’ailleurs remise en cause officiellement, donnait un âge plus avancé au suaire.

 

 

e) L’interprétation

 

L'étude des reliques offre les mêmes difficultés, celles du caractère fragmentaire de l'information et plus encore des objets d'étude, qui sont éparpillés dans une zone très vaste englobant l'Orient et l'Occident. Quelquefois il est impossible de les identifier tant ils sont fragmentaires. Heureusement parfois les inscriptions, les documents historiques au sens large ou les authentiques, ces petits morceaux de parchemin enroulés à proximité des reliques pallient ce problème mais là encore l'infaillibilité ne peut être garantie.

Ce que l’on peut dire, d’une façon plus large, pour interpréter les reliques de la Passion, c’est qu’elles ont fait l’objet d’une double perception et d’une double utilisation du 1er siècle à nos jours:

 

Lors de la Passion du Christ:

 

Une certaine perception

 

Les linges funéraires étaient à l’époque considérés comme des objets impurs, parce qu’ils ont touché le sang, et qu’ils se réfèrent à la mort: ce sont des objets considérés comme "shatnez", c’est-à-dire impurs, pour les Juifs de l'époque. Les instruments de torture, par exemple les verges, la colonne de la flagellation, la Croix, les Clous, avaient aussi une connotation péjorative.

D’autres objets plus quotidiens, étaient plutôt considérés comme banals, insignifiants : c’est le cas des reliques de la Cène, avec la nappe ou la table par exemple, et les vêtements du Christ, comme la ceinture ou les sandales.

 

 

Une certaine utilisation 

 

Les vêtements du Christ ont été utilisés dans un cadre quotidien, selon les coutumes juives de l’époque; les reliques de la Cène témoignent d’une coutume festive, dans le cadre de la Pâque juive. Les « instruments Â» de la Passion témoignent plus du système judiciaire romain : ce sont les objets utilisés pour la flagellation, ou encore la crucifixion, sentences couramment pratiquées à cette époque, même s’il est vrai que les Juifs pratiquaient la flagellation aussi, à la différence qu’ils imposaient une limite de coups à ne pas dépasser, contrairement aux Romains.

Les linges funéraires se rapportent aux rites funéraires de l’époque pratiqués chez les Juifs.
Les reliques de la Passion permettent d'en apprendre un peu plus sur la vie des Juifs de l'époque, mais aussi sur le système judiciaire des Romains en général,  et les techniques artisanales de l'époque, par exemple les techniques de tissage, ou encore celles utilisées dans la fabrication de la coupe de la Cène.

Les reliques de la Passion se réfèrent à un évènement bien précis, la mort du Christ, à un temps donné dans l'histoire.

 

 

Au Moyen Age:

 

Une perception différente

 

Les reliques du Christ, qui étaient considérées à son époque comme autant d’objets impurs, en tout cas connotés péjorativement (instruments de torture, linges funéraires) sinon considérés comme insignifiants (reliques de la Cène, vêtements du Christ), deviennent au Moyen Age hautement prestigieuses, honorables,  comme le Linceul de Turin par exemple.

Ils sont perçus comme des  objets de vie: ils peuvent apporter la vie temporelle à leur contact, par des miracles de guérisons, de salut lors de guerre, de sièges, de naufrages. Ils peuvent en outre apporter la vie spirituelle par les miracles de conversions.

 

 

Une utilisation différente

 

Religieuse surtout, en tant que support de dévotion et soutien à la Foi, politique pour assurer la suprématie et le prestige du souverain et économique aussi, par les hommes au Moyen Age.

 

 

f) La validation de l'interprétation

 

En ce qui concerne les reliques de la Passion, on peut avoir recours à ces moyens notamment en ce qui concerne les linges funéraires et les Tuniques par des expérimentations archéologiques et l’ethnoarchéologie.

 

 


 

[1] Demoule J.P, « Théories et interprétation en archéologie, Â» in Demoule, Guide, p. 196.

 
 

Reliques de la Passion et archéologie(2)

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