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Description

 

La Lance est mentionnée dans l’évangile de Saint  Jean, chapitre 19, 33-35: « Puis ils s’approchèrent de Jésus. Le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes, mais un des soldats lui perça le côté de sa Lance et il en sortit du sang et de l’eau. »

 

On désigne la relique par les termes latins de "hasta"  et "lancea" au Moyen Age, mais aussi "Lancea Longini",  la Lance de Longin, le soldat qui selon la tradition, perça le côté du Christ d’un coup de Lance.

 

Ce nom de Longin est mentionné pour la première fois dans l’évangile apocryphe de Nicodème (4ème siècle) et représenté dans l’enluminure des évangiles de Rabula (586).

 

Les termes grecs de « Ηλος » et « Λόγχη » sont employés par Anne Comnène (1083-1148).

 

 

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Historique

 

S’il est un historique difficile à comprendre et à retracer, c’est bien celui de la relique de la Lance. Plusieurs mentions de Lances ont existé au Moyen Age, à Jérusalem, Constantinople, Rome, Antioche, Etchmiadzine, en Allemagne, à Cracovie. Cette relique est vraiment très difficile à étudier, à telle point que je ne suis pas sûre d’en avoir saisi toutes les complexités. Pour y voir plus clair, procédons par étape.

 

Des premiers siècles au 6ème siècle

 On ne sait pas exactement ce qu’il advint de la Lance dans les jours et les années qui suivirent la mort du  Christ. Apparemment la Lance n’aurait pas quitté Jérusalem.

La Lance est mentionnée en 409, par Saint Paulin de Nole.[1]

En 570, Antoine voit la Lance dans la basilique de Sion, à Jérusalem, près de la colonne et des pierres de lapidation de Saint Etienne:  "In basilicam sanctam Sion...est et corona spinea, qua Dominus fuit coronatus, et Lancea, de qua in latere percussus …"[2]En d’autres termes, Antoine dit que dans la sainte basilique de Sion, se trouve la Couronne d’épines dont le Seigneur fut couronné, et la Lance avec laquelle il fut percé au côté. Grégoire de Tours signale lui aussi la Lance à Jérusalem au 6ème siècle.[3]

 

Du 7ème siècle au 13ème siècle

En 614 a lieu le sac de la ville de Jérusalem.[4] C’est à ce moment-là que l’on fragmente la Lance en deux parties. La pointe de Lance est emportée à Constantinople et le reste de la Lance est conservé à Jérusalem: c’est ainsi qu’on va entendre parler de deux Lances à cette époque, celle de Jérusalem et celle de Constantinople. N’oublions pas qu’au Moyen Age, il est courant qu’une partie de relique devienne finalement un tout dans certains récits ou témoignages, la précision n’étant pas toujours la qualité première de nos ancêtres au Moyen Age...

 

 

a) La pointe de Lance de Constantinople

La pointe de la Lance est emportée à Constantinople, d’après le Chronicon Pascale: en 614, Sharbaraz donne au Patrice Nicétas la pointe de Lance, qui arrivera le 28 Octobre de la même année à Constantinople.

La relique est exposée et conservée à l’église du Phare: « L’église du Phare est associée à l’exposition solennelle des deux reliques de la Passion qui se trouvent à Constantinople depuis le milieu du 7ème siècle, la sainte Lance et la sainte Croix ».[5] Au 9ème siècle la relique est conservée aux Blachernes.[6]

 

Dans une lettre, datée de 958, l’empereur Constantin VII Porphyrogénète s’adressant à ses armées, parle de l’arrivée d’une eau sanctifiée au contact des reliques de la Passion, dont « la Lance immaculée,» ce qui témoigne de la présence de la relique à Constantinople.[7]

 

En 1150, la relique est conservée dans la chapelle de l’empereur, en 1159 à Sainte-Sophie, et en 1171 à nouveau dans la chapelle de l’empereur.[8] Sa présence est attestée à Constantinople par des visiteurs en 1157 et 1171.

 

En 1203, Robert de Clari atteste de la présence de la relique au Boucoleon: « Si estoit li palais de Bouche de Lion…si y avoit bien trente chapeles...Et si y trouva on le fer de la Lance dont Nostre Sire eut le coste percie…» [9] Là-bas se trouvait le palais du Boucoleon, il y avait bien trente chapelles...et là on pouvait trouver le fer de Lance qui perça le côté de Notre Seigneur.

Lors du pillage de 1204, la pointe de la Lance qui était insérée dans l’icône de l’empereur Alexis Doukas (†1204) surnommé Murzuphle (ce qui signifie « dont les sourcils se rejoignent ») est prise par Pierre de Bracieux, mais demeurera la propriété des empereurs.

En 1241, l’empereur Baudouin cède la relique de la pointe de Lance à Saint Louis.[10]

 

Après 1796, la relique de la Lance qui avait été déposée à la Bibliothèque nationale à la Révolution, disparaît.[11]

 

 

b) La Lance de Jérusalem

 

Saint Jean Damascène (650-749) dans son traité Contre les calomniateurs d’images, mentionne la relique de la « Lance sacrée et salutaire. »[12]

 

En 670, Arculfe voit la Lance brisée dans la basilique constantinienne et témoigne de ce qu’elle a été fragmentée en deux parties: " Idem Arculfus nihilominus et illam conspexit Lanceam militis, qua latus Dominis in cruce pendentis ipse percusserat. Haec eadem Lancea in porticu illius Constantini basilicae inserta habetur in cruce lignea, cujus hastile in duas scissum est partes: quam similiter tota Hierosolymitana frequentans osculatur et veneratur civitas." [13]

 

Bède vers 720, la signale aussi sous le portique de la basilique constantinienne: "Lancea militis inserta habetur in cruce lignea in porticu martyrii, cujus hastile in duas intercisum partes a tota veneratur civitate." [14] 

 

En 1123, à Jérusalem, lors du siège des sarrasins, les habitants de la ville font porter en procession la relique de la Croix et celle de la Lance de Longin.[15]

 

A une date indéterminée, la relique de la Lance de Jérusalem est transférée à Constantinople selon l’étude de l’historien Louis-Georges de Bréquigny (1714-1795): « Quelques uns cependant disaient que selon une ancienne chronique, cette relique, avant la prise de Constantinople par les Turcs, y avait été transportée, qu’un citoyen l’avait conservée chez lui, que les Vénitiens avaient voulu l’acheter et que le Grand Seigneur l’avait refusée pour soixante-dix mille ducats...»[16] C’est ce qui va expliquer une certaine confusion parmi certains auteurs qui ne comprendront pas pourquoi une relique de la Lance est à nouveau vénérée à Constantinople, après que l’empereur Baudouin l’ait cédée à Saint Louis.

 

En 1357, Jehan de Mandeville affirme avoir vu la relique de la Lance à Constantinople.[17]

En 1393, la relique de la Lance est vénérée dans le couvent de Mangana par le scribe Alexandre.[18]

 

Au 15ème siècle, elle est vue au couvent de Saint-Jean par le diacre Zozyme.

 

Elle est envoyée en 1492 au Pape Innocent VIII (1432-1492) par le sultan turc Bajazet (1447-1512): « The holy Lance venerated in Constantinople in Paleologan times fell into hands of the Turks after 1453, and the Sultan Bayezid II sent it as a gift to Pope Innocent VIII in 1492. It is preserved at the Vatican ostensibly as part of the colossal Bernini statue of Longinus in the nichee of the north-east pier of Saint Peter basilica. »[19] 

On la porte en procession le jour de l’Ascension, et on l’enferme dans une châsse de cristal. Depuis 1492 la Lance n’a pas quitté Rome.[20]

 

D’après Mély, la Lance de Rome est bien celle de Jérusalem, en plus sa pointe est cassée…[21] La Lance de Rome mesure 0,184 mm de la pointe cassée à la douille de cuivre moderne.[22]

 

Au 18ème siècle, le Pape Benoit XIV, en comparant la pointe conservée à Paris avec la Lance déposée à Rome, affirma que les deux morceaux correspondaient parfaitement.[23]

 

 

 

 

 

 

 

 


 

[1] Mély F., Exuviae, p. 37.

 

[2] Antoninus martyr, De locis sanctis, Itinera Hierosolymitana, cité par Mély, Exuviae, p. 100.

 

[3] Grégoire de Tours,  De gloria martyrum, ap. Patrol. Lat., t. LXXI, col.9.

 

[4] Maraval P., Lieux saints, p. 99.

 

[5] Magdalino P., article « L’église du Phare et les reliques de la Passion à Constantinople » p. 19, in Byzance.

 

[6] Mély F., Exuviae, p. 44.

 

[7] Marion A., Lucotte G., Le linceul, pp. 40-41.

 

[8] Mély F., Exuviae, p. 44.

 

[9] Castille D., Le saint Suaire, p. 126.

 

[10] Majeska G.P. article. “The relics of Constantinople before 1204 » in  Byzance.

 

[11] R. de Brienne D., Dictionnaire, p. 98.

 

[12] Saint Jean Damascène, Contre les calomniateurs d’images, Orat., III, 34.

 

[13] Mély F., Exuviae, p.100.

 

[14] Idem, p. 100.

 

[15] Collin de Plancy J.A.S., Dictionnaire, Tome II, p. 119.

 

[16] Mély F., Exuviae, pp. 44-45.

 

[17] B.N.F, 5637, f°6, v° (nouveau 10270aa). Voir aussi: Mme B de Khitrowo, Itinéraires russes en Orient, Genève, Fick, 1889, in-8.

 

[18] Fleury C., Mémoire, p. 162.

 

[19] Majeska G.P. article “The relics of Constantinople after 1204,” dans Byzance.

 

[20] http://www.ebior.org/Encyc/Resurrection/reliques-passion.htm par Fernand Lemoine. Lien valide le 29 Avril 2010.

 

[21] Mély F., Exuviae, p. 60.

 

[22] Mély F., Exuviae, p. 160.

 

[23] http://www.ebior.org/Encyc/Resurrection/reliques-passion.htm par Fernand Lemoine.Lien valide le 29 Avril 2010.

 

La relique de la sainte Lance

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