LES RELIQUES
DE
LA PASSION DU CHRIST
Le Linceul de Turin (5)
Dans son ouvrage récent,[1] Barbara Frale, historienne italienne, médiéviste et paléographe, a reconstitué en se basant sur les recherches menées dans les années 90 par Marion et Courage, le certificat de décès d'un homme dont le nom était « Yeshua ben Yoseph, », c’est-à -dire « Jésus, fils de Joseph » .
Selon elle, il s’agit d'un « certificat de décès écrit sur un papyrus et posé sur le linceul de Turin, pour que la famille puisse reconnaître le corps du supplicié au moment de sa restitution, écrit dans les trois langues que l'on utilisait à Jérusalem, latin, grec et hébreu. »[2]
Elle a déchiffré l’inscription suivante[3]: « Dans la 16ème année du règne de Tibère (soit l'an 30), Jésus de Nazareth, mort à la neuvième heure, après avoir été condamné à mort par un tribunal romain et après avoir été reconnu coupable par les autorités juives, a été enterré avec l'obligation de rendre son corps à sa famille après une année. »
Les pièces de monnaie sur les yeux
Sur les photographies d’Enrie, celles analysées de Giovanni Tamburelli et enfin celles de John Jackson réalisées par le VP8, on distingue des pièces de monnaie sur les yeux de l’homme du Suaire.[4]
En 1979, la pièce sur l’œil droit est étudiée et identifiée par le R.P. Francis L. Filas. Pour plus d'informations, cliquez ici
En 1986, Mario Moroni se penche lui aussi sur la question et identifie la pièce comme étant un lepton, frappé vers 29 après J.C., par Pilate, d’après les lettres la crosse d’un bâton augural, avec ces lettres: « UCAI. » Moroni a restitué les lettres manquantes que l’on trouve habituellement sur un lepton, et formant l’inscription: [TIBERIO] U KAI [CAROC]. La lettre « C » grecque est une faute, on devrait avoir un « K » normalement, mais les numismates ont trouvé plusieurs cas semblables sur ces types de pièces de monnaie, nous dit Daniel Raffard de Brienne.[5]
En 1996, l’œil gauche est étudié par américains Alan et Marie Whanger et les italiens Pier Luigi Baima Bollone et Nello Balossino. Ils ont conclu qu’il s’agissait d’un lepton à la lecture des lettres « TIB » et des lettres « LIS, » signifiant la 16ème année du règne de Tibère, soit l’an 29.[6]
Toutefois, Daniel Raffard de Brienne, se montre prudent en évoquant la difficulté de distinguer les lettres et les dessins des pièces de monnaie parmi les défauts du tissu. André Marion est tout aussi réservé à ce sujet: après avoir analysé la zone des yeux au laboratoire d’Orsay, il a confirmé l’existence des images décrites par les auteurs, mais n’est pas très convaincu pour autant.[7]
Etude des pollens
En 1973, le professeur Max Frei directeur du laboratoire de criminologie de Zurich, procède à un premier prélèvement de pollens sur la relique. Il publie à ce sujet un premier rapport, provisoire, en 1976 mais meurt en 1986 sans avoir pu conclure son travail.
Il a identifié pas moins de 49 pollens propres à la Palestine, notamment de plantes de régions désertiques ou plantes xérophiles, dans la zone de la vallée du Jourdain et sur les sols salés, de plantes halophytes, dans la zone de la mer morte.[8]
Il a déterminé 45 pollens de Jérusalem et de ses environs, 18 pollens du Bassin méditerranéen, 18 pollens de steppes d'Anatolie, 17 pollens de France ou d'Italie, 13 d'Istanbul et des lieux environnants, 9 pollens d'Afrique du Nord, 7 pollens d'Arabie et 6 pollens du Sahara.[9]
Cette étude fut contestée par d'autres palynologues, ce qui entraîna de nouvelles études palynologiques.
En 1986, J.-L. de Beaulieu, professeur au laboratoire de botanique historique et de palynologie de l'Université de Marseille reprend les travaux de Max Frei, et détermine alors 29 pollens propres aux régions subdésertiques méditerranéennes.[10]
Enfin, en 1997, Uri Baruch et Avinoam Danin, professeurs de botaniques à l'Université de Jérusalem, recommencent l'étude palynologique de Max Frei en se penchant sur le reste des prélèvements qui n'avaient pas été étudiés. Ils ont découvert notamment les pollens de plantes "gundelia tourneforti" et "zygophyllum dumosum" qui confirment l'origine palestinienne du Linceul.[11]
Les microparticules
En 1978, des études de l'équipe américaine du S.T.U.R.P. ont mis en évidence la présence de traces d'aragonite sur la zone du nez, des genoux et des pieds de l'homme du Linceul. L'aragonite est une variété de carbonate de calcium, provenant de la pierre de travertin. Elle était employée dans la construction de maisons à Jérusalem. On retrouve aussi des traces d'aragonite sur la Tunique d'Argenteuil.[12]
Étude anthropologique
D’après une étude anthropologique du Suaire, l’homme est de type sémite, de grande taille, entre 1,78 m et 1,80 m. Il devait peser entre 77 et 79 kilos.
La présence d'une natte de cheveu sur le Linceul de Turin -comme pour le Suaire d'Oviedo- indique que c'était un juif, qui a fait un voeu de nazireat: il s'était consacré au Seigneur et n'avait alors plus le droit de se couper les cheveux. [13]
Datation
En 1988, le British Museum a coordonné l'opération de datation de la relique au carbone 14, auprès de trois laboratoires: celui d'Oxford, celui de Zurich, celui de Tucson.
Le laboratoire d'Oxford a déterminé une fourchette de datation du Linceul, située entre 1170 et 1230 après Jésus-Christ. Le laboratoire de Zurich a daté la relique entre 1250 et 1298 après Jésus-Christ.
Quant au laboratoire de Tucson, aux États-Unis, il a déterminé une fourchette de datation de la relique entre 1270 et 1335 après Jésus-Christ.[14]
[1] Frale B., La sindone di Gesù Nazareno, edizioni del Mulino, Bologna, 2010.
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Suaire_de_Turin Lien valide le 29 Avril 2010.
[3] Se référer à son ouvrage sur le sujet : Frale B., La sindone di Gesù Nazareno, edizioni del Mulino, Bologna, 2010.
[4] R. de Brienne D., Dictionnaire, p. 108.
[5] Idem, p. 109.
[6] Ibidem, p. 109.
[7] Marion A., Lucotte G., Le linceul, p. 92.
[8] Clerq J.M., Les grandes reliques, p. 83. Pour retrouver les études de Max Frei, on peut consulter: Max Frei, Il passato della sindone alla luce della palinologia, Bilan du Congrès international de Sindonologie.
[9] Marion A., Lucotte G., Le linceul, p. 80.
[10] Clerq J.M., Les grandes reliques, p. 84.
[11] Idem, p. 84. On peut retrouver leurs études dans: Danin A., Whanger A.D., Baruch U., Whanger M., Flora of the Shroud of Turin; mais aussi Avinoam Danin et Uri Baruch, Floristic Indicators for the Origin of the Shroud of Turin, Conference of the Missouri Botanical Society, Saint-Louis, 1999.
[12] Clerq J.M., Les grandes reliques, p. 85.
[13] Idem, pp. 121-122.
[14] Ibidem, p. 129.