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Le Linceul de Turin (6)

 

Les résultats de la datation de 1988, ont été contestés pour de nombreuses raisons, comme le non-respect de la procédure en aveugle, l’absence de procès-verbal; la communication de l’âge des échantillons de contrôle aux laboratoires, de nombreuses anomalies dans la procédure, comme des problèmes touchant les échantillons dont la densité ne correspond pas à celle du tissu du Suaire ou encore dont le poids total excède celui du prélèvement de tissu du Linceul.

Le secret imposé par le protocole n’est pas respecté, la simultanéité des analyses par les trois laboratoires non plus.

 

Les résultats publiés dans la revue britannique, Nature, le 14 Février 1989, passent sous silence le détail des méthodes employées et des résultats bruts.[1]

 

Dimitri Kousnetsov, biochimiste, directeur du Sedov Biopolymer Laboratory, reproduisit à Moscou, les conditions physico-chimiques de l’incendie de 1532 sur le Suaire avec des échantillons de tissus de lin datant du premier siècle: il procéda à une incubation des tissus dans du gaz à haute température, avec des particules de matériaux de bois, argent, soie et vapeur d’eau pendant une heure. Les échantillons, en raison du « bain thermique » de gaz et de vapeur, se sont enrichis d’un grand nombre extérieur d’atomes de carbones et ont subi un rajeunissement spectaculaire, ce qui permit à Dimitri Kousnetsov d’affirmer que la datation au radiocarbone du Suaire était erronée…[2]

 

Maria Grazia Siliato, historienne et archéologue fait le constat que le poids moyen au centimètre carré du suaire est de 25,00 mg, alors que pour les 12,96 cm² de l'échantillon prélevé, le poids étant de 478,1 mg, son poids moyen au centimètre carré est de 36,89 mg. Elle constate également que pour la partie de 7,00 cm² de l'échantillon prélevé pour une analyse au C14, le poids global étant de 300,00 mg, le poids moyen au centimètre carré s'élève à 42,85 mg...[3]

 

Au mois d'août 2008, lors de l'Ohio Shroud of Turin Conference, Robert Villarreal, chimiste au Laboratoire national de Los Alamos, exposa les résultats de ses nouvelles analyses menées avec son équipe sur trois échantillons Raës en concluant que ceux-ci étaient constitués de coton et non de lin.[4]

 

Ces résultats ont confirmé la thèse de l'absence de représentativité de l'échantillon soumis à l'analyse C 14 en 1988 que Rogers avait avancée en 2005 dans un article.[5]

 

 

Restaurations du saint Suaire

 

Entre 944 et 1204, on coupe des parties pour reliques et restaurations.

 

Avant 1195, (codex Pray représentant le linceul de Turin avec ces trous..) quatre groupes de quatre trous, peut-être dus à une brûlure d’encens, percent le linceul.

En 1534, les sœurs Clarisses effectuent des travaux de raccommodage (elles cousent 22 morceaux de tissu en forme de triangle sur les brûlures) et de doublure du Suaire, après l’incendie de 1532, qui a causé des brûlures au ¼ et au ¾ de la largeur, et des trous dus à une goutte d’argent fondu.

 

De cette même époque datent les taches d’eau en forme de losange, localisées dans la zone des genoux, de la poitrine, au-dessus de la tête et sur les bords du linceul.[6]

 

En 1694 : on procède à plusieurs restaurations.

 

En 1868 : on effectue des travaux de raccommodage et de doublure du Suaire.

 

En 1973 : on réalise des raccommodages.

 

En Juin 2002 : le linceul de Turin est restauré, sous la direction de Madame Flury-Lemberg, spécialiste des tissus.

 

 

Le visage du saint Suaire de Turin dans l’Art

 

Il m’a semblé nécessaire de parler du saint Suaire de Turin dans les représentations artistiques au Moyen Age: en effet, Paul Vignon en 1930, s’est penché sur les représentations du Christ dans le monde byzantin entre le 6ème siècle et le 14ème siècle. Son étude[7] puis celle de l’érudit américain Edward Wuenschel[8] reprise plus tard par le britannique Ian Wilson, à la fin des années 70, permet de mettre en évidence un certain nombre de caractéristiques que l’on retrouve sur les peintures ou les mosaïques, ce qui laisse à croire que le Suaire de Turin a servi de modèle aux artistes depuis des temps reculés.[9]

 

L’étude de cet auteur fait référence actuellement.Dans les premiers temps du christianisme, il n’y avait guère de représentations du Christ, en raison de l’influence des doctrines juives considérant qu’il était interdit de représenter un être ou une chose, d’après le deuxième commandement du Décalogue, que l’on peut lire dans l’Exode, 20, 4: « Tu ne feras point de sculpture ni de figure quelconque de ce qui est en haut dans les Cieux ou en bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre. »

 

C’est ainsi que la première représentation du Christ, connue à ce jour, est une fresque à Doura-Europos, datant de la moitié du 3ème siècle.

Jusqu’au 6ème siècle, les représentations du Christ sont hybrides: le Christ est un jeune homme représenté à la romaine, tel un Apollon, ou un homme barbu.

Au 6ème siècle, c’est la dernière option que vont retenir et généraliser les artistes.

 

Les études de Vignon et Wuenschel ont permis de montrer plusieurs caractéristiques présentes dans les représentations du Christ à partir du 6ème siècle.

 

Ian Wilson, dans son ouvrage[10] nous en cite quinze qu’il a jugées probantes parmi les vingt trouvées par Vignon et Wuenschel:

« 1. Une raie transversale sur le front

2. L’espace délimité sur trois côtés sur le front (en u)

3. Une forme en « V » sur l’arète du nez

4. Une seconde forme en « V » à l’intérieur de l’espace 2

5. Le sourcil droit plus haut que l’autre

6. La pommette gauche très accentuée

7. La pommette droite très accentuée

8. La narine gauche plus large

9. Une ligne accentuée entre le nez et la lèvre supérieure

10. Une ligne très marquée sous la lèvre inférieure

11. Un espace dégarni de poils entre la lèvre inférieure et la barbe

12. La barbe à deux pointes

13. Une ligne transversale sur la gorge

14. Des yeux accentués rappelant ceux d’une chouette

15. Deux mèches de cheveux retombant du sommet du front. »

 

Ian Wilson cite les exemples de Vignon de représentations du Christ dans l’art qui présentent un certain nombre de ces caractéristiques:

-au 6ème siècle, la mosaïque du Christ de l’église de Saint-Apollinaire-le-Neuf à Ravenne, possède les caractéristiques 6.7.8.9.10.11.14.15.

-au 8ème siècle, la peinture du Christ Pantocrator, dans les catacombes de Saint-Pontien, à Rome, présente les caractéristiques 1.2.3.5.6.7.9.14.

-au 10ème siècle, la mosaïque du Christ du narthex de Sainte-Sophie de Constantinople détient les caractéristiques 1.2.3.6.8.9.10.11.15.

-au 10ème siècle, la fresque du Christ de San Angelo in Formis, présente les caractéristiques 1.3.5.6.7.8.9.10.11.12.13.14.15.

-au 11ème siècle, le Christ Pantocrator de Daphni, possède les caractéristiques 3.4.5.8.9.10.11.12.13.14.15.

-au 12ème siècle, la mosaïque du Christ Pantocrator à Cefalu, présente les caractéristiques 1.3.4.5.6.7.8.9.10.11.12.13.14.15.[11]

 

Ces différentes caractéristiques sont autant de traits que l’on retrouve sur le saint Suaire de Turin. C’est pourquoi les auteurs qui ont étudié la question émettent l’hypothèse selon laquelle le saint Suaire de Turin a servi de modèle aux artistes, qui ont retenu à partir de ce linge, un certain nombre de critères pour la représentation du Christ.

 

 

 

[1] Pour plus de détails, on peut consulter R. de Brienne, Dictionnaire, pp. 31-39 et aussi Marion, Lucotte, Le linceul, pp. 99-111.

[2] Siliato M.G., Contre-enquête, pp. 32-35.

[3] Idem, p.37.

[4] http://www.shrouduniversity.com/osucon08/abstracts/robertvillareal.htm Lien valide le 29 Avril 2010.

[5] Raymond N. Rogers, Studies on the radiocarbon sample from the shroud of turin, Thermochimica Acta 425(1-2), 189.

[6] Marion A., Lucotte G., Le linceul, p. 60.

[7] Vignon P., Le saint Suaire de Turin devant la science, l’archéologie, l’histoire, l’iconographie, la logique.

[8] Wuenschel E.A., Self-Portrait of Christ: The holy Shroud of Turin.

[9] A ce propos, la consultation du chapitre 12 de l’ouvrage de Wilson, Le Suaire de Turin, pp.128-142, est éclairante.

[10] Wilson I., Le Suaire, p. 139.

[11] Wilson I., Le Suaire, p. 141.

 

 

 

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