LES RELIQUES
DE
LA PASSION DU CHRIST
Le Linceul de Turin (7)
Études
Il n’est pas possible de relater ici toutes les études réalisées sur le Suaire, car, rappelons-le, une discipline a été créée pour étudier la relique, et de très nombreuses études réalisées dans le monde paraissent chaque année. Toutefois, voici un aperçu des travaux depuis la première prise photographique du Suaire de Turin jusqu’à nos jours :
1898 : En Mai, est réalisée la première photographie sur grandes plaques de 50 x 60 cm du saint Suaire, par Secondo Pia, avocat et photographe amateur.
1902 : En Avril, une communication préparée d’après des études de négatifs par Yves Delage, membre de l’Académie des sciences, anatomiste et pathologiste est lue à l’académie des sciences: empreinte d’un cadavre, mort de crucifixion avec flagellation, percé de clous et avec des traces de pointes à la tête.
1902 : Paul Vignon examine les photos et constate l’existence de zones d’ombres situées aux zones de contact du corps (nez, articulations des doigts, pieds) et de zones claires aux zones de non-contact (orbites, face interne des bras, jambes, espaces entre doigts).
1931 : La Commission internationale de recherches scientifiques sur le Linceul de Turin est créée. Elle comportait alors plus de 110 membres, sous la direction de Paul Vignon.
Mai 1931 : Sous contrôle officiel, une série de photographies est effectuée par un photographe turinois, Giuseppe Enrie, dans la cathédrale de Turin. Ce dernier écrit un ouvrage, Le saint Suaire révélé par la photographie.
1932 : Deux savants français, Antoine Legrand et le médecin Pierre Gallimard font des expériences: ils appliquent des morceaux de tissu en lin sur de la peau en sueur ; sur le fait, rien ne se passe mais au bout de quelques années, les morceaux de lin se mettent à jaunir. Des photos sont prises selon protocole officiel par Judica Cordiglia.
Entre 1935 et 1950, le chirurgien Pierre Barbet réalise de nombreuses études médicales sur le saint Suaire. Son ouvrage médical les rapporte: La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ selon le chirurgien.
1939 : Cette année a lieu le premier congrès national de Sindonologie à Turin.
1950 : Lors du premier Congrès international de Sindonologie, des examens des photographies sont réalisés mais sont peu concluantes.
1959 : Le 18 décembre, le Cardinal Fossati, archevêque de Turin, fonde le Centre international de Sindonologie.
1969 : Le 16 juin, le Suaire est examiné au microscope optique par une commission d’experts.En septembre, une commission d’experts désignés par l’archevêque de Turin examine le Suaire et des photos sont réalisées par Judica Cordiglia.
1973 : Des examens pour déterminer s’il y a du sang sur le Suaire sont réalisés sans succès.Le 24 novembre, des échantillons sont prélevés par le Dr. Max Frei, criminologue, directeur des laboratoires de la police à Zurich pour procéder à une analyse des pollens ; ainsi que quelques fils pour des examens hématologiques. Gilbert Raës, un professeur de l’Institut de technologique des textiles de Gand effectue une analyse du tissu et met en évidence la présence de traces de coton, le Gossypium herbaceum, peut-être les restes d’un tissage précédent sur le même métier mais pas de trace de laine. Or les métiers à lin et coton servaient aussi couramment pour la laine sauf dans la Palestine antique où la loi juive ne permettait pas de fibres animales et végétales sur un même métier comme en témoigne le Lévitique, XIX, 19. « Vous observerez mes commandements. Tu n’accoupleras point des animaux d’espèces différentes. Tu ne porteras pas un vêtement tissé de deux espèces de fils. »
1975 : A Albuquerque, au Nouveau-Mexique, des études sont menées par John Jackson, physicien et mathématicien qui réalise: une mesure des densités optiques de l’empreinte du Suaire à l’aide des photos avec un microdensitomètre, une reproduction des niveaux de contact entre les points d’un corps étendu et le tissu qui le recouvre, l’attribution d’un nombre correspondant à la hauteur de ce point par rapport à la table sur laquelle le volontaire était étendu.
1976 : Une commission d’enquête sur le Suaire, se forme suite à l’hypothèse par une experte d’art, qu’il s’agit de l’œuvre d’un artiste du 16ème siècle connaissant la technique du « sfumato. » Problème: un autre membre déclarait ne pas avoir vu de résidus de peinture au microscope optique…La même année est fondé le STURP (Shroud of Turin project Research) association de scientifiques de tout bord, consacrée à l’étude du saint Suaire. En octobre, une étude est publiée par Riccardo Gervasio sur les restaurations et réparations sur le saint Suaire. La photo du Suaire de Turin est codée en trois dimensions, propriété démontrée par les travaux en 1976, de Jackson et Jumper de l’US Air Force aidés d’un ingénieur de la NASA.[1]1977 : Le physicien Ray Rogers, du Los Alamos scientific Laboratory, démontre que le fait que l’on ne distinguait plus l’empreinte de près, était un phénomène explicable, « l’inhibition neurale latérale. »[2]
1978 : En Octobre, à Turin, à l’occasion de l’ostension du Suaire organisée pour célébrer les 400 ans de son arrivée dans la ville, la relique est confiée pendant cinq jours aux scientifiques du STURP: ils photographient le revers du Linceul après avoir incisé la doublure cousue par les Clarisses en 1532.Près de trois mille clichés sont réalisés par l’équipe de Vernon Miller. Des analyses spectroscopiques et physiques, explorations macro et microphotographiques ont conclu qu’il n’existait sur le Suaire aucune substance colorée: Les analyses spectrographiques menées par Vernon Miller, Barrie Schwortz et Ernie Brooks, du Brooks Institute of Photography de Santa Barbara. Le test de la fluorescence à la lumière de Wood: les traces de brûlure réagissent en devenant fluorescentes ; seules ont réagi les brûlures dues aux incendies, donc la thèse de l’empreinte par statue rougie au feu, est nulle et non avenue…Les macro et microphotographies réalisées par Sam Pellicori, expert en spectrographie et en physique optique au Santa Barbara Research Center et Mark Evans, son collaborateur.[3]
L’hypothèse de la fabrication médiévale a été avancée par certains chercheurs en raison du tissage en chevrons, prétendu inconnu il y a deux mille ans. Toutefois, à Antinoë, en Égypte, dans une nécropole plus que bimillénaire, on mit au jour une momie sur un coussin à tissage en chevrons, ainsi qu’à Pompéi sous la cendre, en 1938.Une identification de pollens est faite par criminologue suisse, Max Frei. Des examens radiographiques du Suaire sont réalisés. Des prélèvements sont effectués par Walter. La présence d'aragonite sur la zone du nez des genoux et des pieds du Suaire a été mise en évidence par l'équipe américaine du S.T.U.R.P.[4]
1980 : John Heller et Alan D. Adler, deux chercheurs du STURP, infirmèrent la thèse de McCrone: l’oxyde ferrique et le sulfure de mercure existaient bien mais en quantité infinitésimale et localisés ni sur l’image, ni sur les taches de sang. Les protéines étaient localisées aux endroits tachés de sang.[5] Piero Ugolotti et le Père Aldo Marastoni mirent en évidence à partir de photographies, l’existence d’inscriptions antiques sur le Suaire surtout dans la région du visage: des lettres hébraïques, grecques et latines.[6] Sam Pellicori et Vernon D. Miller, au Centre de recherches de Santa Barbara en Californie, en faisant des études de spectrophotométrie et fluorescence aux rayons X, conclurent que l’oxyde de fer était hors de cause dans la formation de l’image du corps. Ils confirmèrent aussi qu’il y avait bien du sang sur le Suaire en raison de la positivité au vert de bromocrésol.
1981 : Santa Barbara Research Center, Samuel Pellicori renouvela l’expérience des chercheurs français en 1932 avec des échantillons de lin mis au contact d’une peau non lavée et en sueur et vieillis artificiellement par leur passage dans un four à air chaud « Air backing ». Au sortir du four, une empreinte s’était formée…les fibrilles de lin se trouvaient corrodées aux endroits touchés par la peau comme pour le saint Suaire. Après roussissement et brûlures des échantillons, les empreintes n’ont pas non plus changé de couleur comme pour le saint Suaire. Idem pour l’examen spectroscopique.
10 Octobre 1981: au Palmer Auditorium de New London, au congrès du STURP, John Heller démontra d’après étude de la substance localisée aux endroits des traces de blessure, que le Suaire comportait des traces de sang.[7] Sous les croûtes de sang, l’empreinte n’avait pu se former.[8] L’équipe de Baima Bollone confirma et prouva qu’il y avait bien des taches de sang sur le Suaire.
1982 : L’équipe de Baima Bollone détermina le groupe sanguin du sang présent sur le Suaire: le groupe AB, le plus rare (5% de la population mondiale).[9]
1984 : Jean Volkringer, chimiste, fit des expériences avec des herbiers: les empreintes végétales résistèrent aux réactifs chimiques, même à chaud, et aux solvants. Le support, commun à l’empreinte végétale (sur papier) et au Suaire (sur le lin) est de la cellulose. Aucun colorant trouvé sur les empreintes végétales. Sur le papier, dégradation de la cellulose comme sur le lin du Suaire. Idem pour parties saillantes, les clairs-obscurs analysés à l’ordinateur donnent une information tridimensionnelle.[10]
1988 : Des prélèvements d’échantillons sont effectués pour l’analyse au carbone 14.Le 13 Octobre 1988 tombe le résultat de la radiodatation, annoncé par le cardinal Ballestrero: le Suaire a été daté entre 1260 et 1390 selon les laboratoires d’Oxford, de Zurich et de Tucson en Arizona.[11]
1989 : Un Symposium international a lieu le 7 et 8 Septembre à Paris: il s’agit d’une réunion interdisciplinaire de spécialistes avec bilan des travaux de recherches.Le CIELT (Centre international d’études sur le linceul de Turin), institution scientifique non confessionnelle est créée ainsi que le GERRALT (Groupe d’études et de recherches Rhônes-Alpes du linceul de Turin).
Dans les années 1990 : « Fire simulating model. » Dimitri Kousnetsov, biochimiste, directeur du Sedov Biopolymer Laboratory, reproduisit à Moscou, les conditions physico-chimiques de l’incendie de 1532 sur le Suaire avec des échantillons de tissus de lin datant du premier siècle: il procéda à une incubation des tissus dans du gaz à haute température, avec des particules de matériaux de bois, argent, soie et vapeur d’eau pendant une heure. Les échantillons, en raison du « bain thermique » de gaz et de vapeur, se sont enrichis d’un grand nombre extérieur d’atomes de carbones et ont subi un rajeunissement spectaculaire, ce qui permit à Dimitri Kousnetsov d’affirmer que la datation au radiocarbone du Suaire était erronée…[12]
[1] Lévêque J., Pugeaut R., Saint Suaire, p. 55.
[2] Siliato M.G., Contre-enquête, p. 21.
[3] Idem, p. 68.
[4] Clerq J.M., Les grandes reliques, p. 85.
[5] Voir John Heller et Alan D. Adler, « A chemical Investigation of the Shroud of Turin."
[6] Voir Aldo Marastoni, Sindon, n°29.
[7] Lévêque J., Pugeaut R., Saint Suaire, p. 59.
[8] Siliato M.G., Contre-enquête, p. 23.
[9] Bollone P.L.B., Sindone o no, pp. 189-198.
[10] Siliato M.G., Contre-enquête, pp. 112-119.
[11] Castille D., Le saint Suaire, p. 9.
[12] Siliato M.G., Contre-enquête, pp. 32-35.