LES RELIQUES
DE
LA PASSION DU CHRIST
Le Suaire d'Oviedo (1)
Reliquaire du Suaire d'Oviedo
D'après Jean-Maurice Clercq, on peut mettre en relation la relique du Soudarion d'Oviedo avec le passage de Saint Jean, 20, 5-7: « Il (Saint Jean) se pencha, aperçut les linges à terre, mais il n'entra pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arriva à son tour et entra dans le tombeau. Il vit les linges posés à terre ainsi que le Suaire qui avait couvert la tête de Jésus, roulé, non pas avec les linges, mais à part à une autre place. »
Description
Le « Soudarion », sudarium dans la langue anglaise, ou Suaire d’Oviedo, est conservé en la cathédrale d’Oviedo, dans le Nord de l’Espagne depuis le 8ème siècle. Ce linge servait selon la coutume juive de l'époque du Christ, à couvrir le visage des personnes décédées de mort violente...
Le rabbin new yorkais Alfred J. Kolatch explique que le Talmud (Moed Katan 27a) discute de ce sujet. Il considère que cette coutume avait lieu en respect du mort, selon le concept de kevod ha-met. [1]
Les mesures
C’est un linge rectangulaire mesurant 84 cm x 53 cm.
Le tissu
C’est un taffetas composé de fibres de lin tissées en Z.[2]On a constaté qu’il y avait un trou sur la relique, ainsi que des gouttes de cire juste à côté. D'après Mark Guscin, le trou a pu être causé non par la cire elle-même mais par une flamme de bougie.[3]
Le Soudarion a d'abord été enroulé autour de la tête de la victime et fixé à l'arrière de la tête, à l'aide d'une épingle dont on voit la trace sur le tissu.
Puis, dans un second temps, le Linge a été replié sur le visage.[4]
Les taches de sang
Le Soudarion est couvert de 70 taches de sang.
Les taches sont constituées pour une part de sang et pour six parts de liquide pleural; ce qui tend à montrer que la personne dont on a recouvert le visage du linge est morte d’asphyxie. Le sang pulmonaire s’est écoulé par les narines lorsque le corps a été déplacé.[5]
Le sang est de groupe AB, comme pour le Linceul de Turin et la Tunique d'Argenteuil.[6]
D'après calculs, il a été établi que la longueur du nez était de 8 cm, comme pour le Linceul de Turin: il y a une correspondance anatomique du visage sur ces deux linges.Sur le Suaire d'Oviedo, des taches de sang sont localisées sur plusieurs parties du linge, au niveau de la zone du front, des sourcils, de la barbe, de la bouche.
La zone du front
Sur le Soudarion d'Oviedo, il n'y a pas la fameuse tache de sang en forme de 3 renversé que l'on retrouve sur le Linceul de Turin au niveau du front.[7]
Certains spécialistes expliquent ce fait par la durée de contact du Soudarion d’Oviedo (quelques heures) et du Linceul de Turin (quelques jours) avec le visage de la victime.
De plus, selon eux, deux taches de sang sur le Suaire d'Oviedo, situées en haut du linge, peuvent correspondre vraisemblablement à la blessure qui a laissé la traînée de sang en forme de 3 renversé que l'on voit sur le Linceul de Turin.[8]
Sur cette zone, il y a moins de taches de sang que sur le Linceul de Turin.
Alan Whanger, de l'université de Duke, en Caroline du Nord, émet à ce sujet l'hypothèse selon laquelle la couronne d'épines était encore portée par la victime lorsqu'elle était couverte du Soudarion d'Oviedo, ce qui n'était plus le cas pour le Linceul de Turin.[9]
Ainsi la couronne d'épines empêchait un large contact avec le tissu du Soudarion, et n'étant plus sur la victime lorsqu'elle fut enveloppée dans le Linceul de Turin, tout le sang de cette zone du visage a été absorbé par ce dernier linge.
La zone de la nuque
Sur le Soudarion d'Oviedo cette partie est tachée de sang, et correspond avec les blessures de la zone de la nuque sur le Linceul de Turin.[10]
Les taches de sang situées dans la zone de la nuque sur le Soudarion, ont arrêté de saigner une heure avant la pose du Soudarion sur la face.[11]
La zone de la bouche
Le docteur John Jackson, qui a étudié aussi le Linceul de Turin à l'aide de «VP-8 image analyser», a mis en évidence la parfaite coïncidence de la tache de sang du Linceul de Turin localisée au niveau du côté droit de la bouche et la forme de la tache de sang située sur le Soudarion d'Oviedo.[12] Sur le Soudarion on constate que plusieurs taches de sang sont superposées. Elles se sont formées successivement.
Leur étude médicale a permis de reconstituer plusieurs phases progressives de formation:
La première tache de sang s'est formée lorsque la victime était en position verticale, la tête fléchie de 70° vers l'avant et tournée de 20° vers la droite.[13] Le corps est resté au moins une heure dans cette position. Le Suaire était attaché à la tête à l'aide d'une épingle dont la trace est visible sur le tissu.
La deuxième tache de sang s'est formée lors de la descente du corps. Le corps a été déposé en position de décubitus latéral droit, la tête gardait à ce moment-là toujours une inclinaison vers la droite de 20°, mais elle présentait un angle de 115° vers l'avant et non plus 70°, et ce pendant une heure environ...[14]
La troisième tache de sang a été causée par le changement de position du corps, alors mis sur le dos, les bras posés sur le ventre, en vue de le transporter.C'est à ce moment-là qu'ont été exercées des pressions de la main et du poing, sur le Soudarion, pour contenir les écoulements de sang. Ces pressions ont été décelées d'après des études récentes.[15]
La quatrième tache de sang a été causée lorsqu'on a mis le corps en position de décubitus dorsal pour la mise au tombeau.[16]
Des rapports d'expertise indiquent que le Soudarion a été enroulé autour de la tête du cadavre d'un homme adulte, à la barbe et aux cheveux longs assemblés en natte. C'est sur les cheveux disposés pour la plupart sur la nuque, que l'on a disposé l'épingle pour faire tenir le Suaire d'Oviedo.[17]
[1] Guscin M., Oviedo Cloth, p. 25.
[2] Laidler K., Le Suaire, p. 280.
[3] Guscin M., Oviedo Cloth, p. 32.
[4] Clerq J.M., Les grandes reliques, p. 50.
[5] Guscin M., Oviedo Cloth, p. 23.
[6] Clerq J.M., Les grandes reliques, p. 51.
[7] Guscin M., Oviedo Cloth, p. 29.
[8] Idem, p. 30.
[9] Ibidem, p. 30.
[10] Guscin M., Oviedo Cloth, p. 0.
[11] Clerq J.M., Les grandes reliques, p. 50.
[12] Guscin M., Oviedo Cloth, p. 29.
[13] Clerq J.M., Les grandes reliques, pp. 51-52.
[14] Idem, p. 52.
[15] Ibidem, p. 52.
[16] Ibidem, p. 52.
[17] Ibidem, p. 50. On peut consulter ces rapports d'expertise dans le Ve congresso nazionale sulla sindone, « El sudario de Oviedo y la sidone de Turin, dos reliquias complementarias? », Cagliari, 29-30 avril 1990, mais aussi Sindone, Quatro mister. Enfin la revue Linteum du Centro espagnol de Sindonologia, n°12-13.